Les Bonnes

ne remarquable dénonciation de l’absurdité et de la souffrance que génèrent les hiérarchies sociales imposées par l’arbitraire de l’argent
De
Jean Genet
Durée : 1h35
Mise en scène
Mathieu Touzé
Avec
Yuming Hey, Elisabeth Mazev, Stéphanie Pasquet et Thomas Dutay
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre 14
20, avenue Marc Sangnier
75014
Paris
01 45 45 49 77
Du 27 février au 23 mars 2024. Mardi, mercredi et vendredi à 20h, jeudi à 19h, samedi à 16h

Thème

  • Inspiré par un fait divers, le célèbre et magnifique texte de Jean Genet constitue en soi un événement théâtral. Deux bonnes, Solange et Claire, entretiennent des rapports de fascination et de violente hostilité avec leurs maîtres qu’elles n’hésitent pas à dénoncer par le biais de lettres anonymes, en particulier Madame qu’elles imitent et jalousent tout en conspirant à sa perte. 

  • Les échanges tendus entre les deux sœurs, la haine qu’elles vouent à la caste des riches et des frivoles, incarnée par Madame, les mènent à une morbidité extrême, métaphore de leur condition ancillaire.

Points forts

  • Dans un décor blanc immobile, épuré et sobre, où les meubles sont comme suspendus en l’air, le duo de comédiennes virtuoses excellent dans l’évocation de leurs frustrations dans un huis-clos étouffant.

  • Une mise en scène adaptée au texte dont la puissance éclate.

  • Une fluidité dans le jeu donne une tension constante qui ne retombe jamais. 

Quelques réserves

  • On n’évite pas le laitier en nu intégral.

  • Il est dommage que le rôle de Madame soit surjoué dans une sorte d’intermède grotesque et nous détournant du propos, de même que la chorégraphie des deux bonnes ajoute une petite longueur. 

Encore un mot...

  • Dans un processus inversé de haine et de mépris, une forme radicale de lutte des classes s’illustre dans le sentiment révolté d’injustice des positions sociales qui dénie aux individus non seulement la jouissance des biens - illustrés par les robes et bijoux de luxe - mais également leur identité propre et leur dignité, leurs prénoms étant interchangeables. 

  • Par une mise en abîme constante, le théâtre rituel des bonnes – jeu d’imitation cathartique du dégoût réciproque - dénonce, par la parodie de la relation maître-esclave, les maux engendrés par des hiérarchies sociales reposant sur l’arbitraire et l’argent. 

Une phrase

  • « Tu peux te ressembler maintenant. »

  • « Nous sommes des pouilleuses. »

  • « La beauté de mon crime devait racheter la pauvreté de mon chagrin. »

  • « Ainsi Madame nous tue avec sa douceur ! Avec sa bonté, Madame nous empoisonne. Car Madame est bonne ! Madame est belle ! Madame est douce ! »

L'auteur

  • Jean Genet étant bien connu, nous nous attarderons ici sur Mathieu Touzé qui, après de longues années de théâtre amateur et des études de Droit, entre au Conservatoire Régional de Poitiers puis à l’École Départementale de Théâtre de l’Essonne. 

  • En parallèle, il devient Avocat au Barreau de Paris et entame en 2013 des études de Philosophie, d’Histoire de l’Art et de Littérature à l’Université Paris X – Nanterre. 

  • Directeur artistique du Collectif Rêve Concret, créé en 2012, Touzé propose en 2014 une mise en scène d’Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit, et adapte, en 2016, Un Garçon d’Italie de Philippe Besson à Théâtre Ouvert. Le spectacle obtient le prix de l’adaptation, le prix de l’interprétation féminine et le prix de l’interprétation masculine au Festival “Rideau Rouge“. 

  • En 2019, il met en scène LAC de Pascal Rambert dans le cadre du Festival Étrange Cargo à la Ménagerie de verre. Depuis janvier 2020, il dirige, avec Édouard Chapot, le Théâtre 14 à Paris. En juillet 2020, Mathieu Touzé organise au Théâtre 14 le ParisOFFestival pour soutenir les petites compagnies qui devaient se produire au Festival d’Avignon. 

  • En mars 2021, Mathieu Touzé, présente Une absence de silence, adapté du roman d’Olivia Rosenthal Que font les rennes après Noël ? à la Ménagerie de Verre, et bien d’autres créations.

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