Les Femmes savantes

Une petite merveille !
De
Molière
Mise en scène
Catherine Hiegel
Avec
Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Evelyne Buyle, Philippe Duquesne, Julie-Marie Parmentier, Catherine Ferran, Benjamin Jungers, Chloé Berthier, René Turquois, Baptiste Roussillon, Chloé Lorphelin, Thomas Harel, Thomas Keller, Olivier Lugo…
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 Boulevard Saint Martin
75010
Paris
0142080032
Du mardi au vendredi, à 20h; le samedi, à 17h et 20h45; et le dimanche, à 16h

Thème

Dans une famille bourgeoise, Philaminte, véritable matriarche, sa belle-sœur et l’une de ses deux filles se passionnent avec excès pour le savoir et la connaissance, au point de mettre en danger l’équilibre et le bonheur de toute la maisonnée. L’arrivée d’un faux-poète mais vrai-escroc va révéler les mensonges et les vérités de chacun.

Points forts

1) Macho, Molière ? Non, au contraire. Dans « L’Ecole des femmes », il milite pour la libération du deuxième sexe, et dans ces « Femmes savantes », il offre à Philaminte une belle tribune à l’acte III où elle explique que le savoir n’est pas réservé aux hommes. S’il se moque, dans cette pièce, de ces trois femmes, c’est parce qu’elles manquent de discernement. Leur passion est excessive. Elles ne se rendent même pas compte que le poète qu’elles idolâtrent est un fumiste; or Molière déteste les hypocrisies. De plus, elles vont jusqu’à désorganiser leur maison et pire font régner une menace sur l’essentiel, l’amour. Ici ce ne sont pas les femmes savantes que Molière fustige mais plutôt des femmes pédantes.

2) Dans beaucoup de ses pièces – et c’est le cas dans « Les Femmes savantes » – le chef de famille est saisi d’une passion dévorante dont il devient complètement prisonnier au point de frôler la folie. L’argent pour « L’Avare », un faux dévot pour « Tartuffe », le besoin de paraître pour « Le Bourgeois gentilhomme », et le brave père de famille se transforme en odieux dictateur, obsédé, dangereux, rendant la vie impossible à sa femme et ses enfants. On peut voir ses pièces comme des drames familiaux ou, après translation de la famille en un pays, comme des manifestes politiques.

3) Chez Molière, les passions destructrices mettent l’amour en danger mais dans toutes ses pièces, chaque fois, l’amour gagne. Auteur optimiste et très en avance car les mariages d’amour n’étaient pas monnaie courante à son époque.

4) La mise en scène de Catherine Hiegel, son regard sur l’œuvre, son amour pour Molière, tout concourt à une belle écoute du texte. Et l’on constate comme rarement à quel point la pièce est bien construite et combien chaque personnage, même le plus petit, a son importance. Qu’il bouge et c’est tout l’édifice qui tremble, comme dans une partie de Mikado.

5) Épatants, Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Philippe Duquesne, Catherine Ferran et Evelyne Buyle dans le rôle irrésistible de l’érotomane Bélise. Ils font vivre pleinement leurs personnages, en donnent toutes les contradictions, toutes les nuances, tout en maîtrisant parfaitement la difficile langue de Molière, la rendant vivante, quotidienne même, sans toutefois sacrifier un seul pied de leurs alexandrins.

6) Quatorze comédiens sur la scène, une pièce du répertoire en vers, des costumes du XVIIesiècle, un grand et bon décor construit, le Théâtre de la Porte Saint-Martin, salle du secteur privé, se montre exigeant et courageux. Audace récompensée car ces « Femmes savantes » rencontrent un beau succès, amplement mérité.

Quelques réserves

Toute la distribution n’est pas au même niveau d’excellence, mais la langue de Molière est ardue et tellement dure à dompter…

Encore un mot...

Une excellente mise en scène de Catherine Hiegel, lisible et respectueuse, qui nous fait entendre et réentendre le message de Molière : prenons garde à nos passions déséquilibrantes, soyons à la hauteur de nos responsabilités et ne rendons pas malheureux ceux qui dépendent de nous. Un auteur décidément très sain, tonique, positif, qui donne toujours raison à l’amour.

Une phrase

…ou plutôt une tirade, celle de Clitandre (acte IV, scène III) que Philaminte refuse comme gendre car manquant d’instruction à ses yeux, et que Molière semble avoir choisi à ce moment de la pièce comme son porte-parole  :

« Je m’explique, madame ; et je hais seulement

La science et l’esprit qui gâtent les personnes.

Ce sont choses, de soi, qui sont belles et bonnes ;

Mais j’aimerais mieux être au rang des ignorants,

Que de me voir savant comme certaines gens. »

L'auteur

À la fois comédien et chef de troupe, jouant à Paris ou tournant en province, tantôt vivant de la recette, tantôt financièrement aidé par les puissants, Molière (1622-1673) est la figure tutélaire du théâtre français, chaque artiste ayant une bonne raison de s’identifier à lui. Dramaturge, il dénonce dans ses pièces des travers intemporels et brosse des portraits psychologiques qui sont devenus des archétypes. Il écrit « Les Femmes savantes » en 1672, mais la pièce ne remporte pas un grand succès à sa création.

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