Les Justes

Des “meurtriers délicats”, déchirés entre leur idéologie et leur humanité
De
Albert Camus
Durée : 1h15
Mise en scène
Maxime d’Aboville
Avec
Arthur Cachia, Étienne Ménard, Oscar Voisin, Marie Wauquier
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de Poche
75, boulevard du Montparnasse
75006
Paris
01 45 44 50 21
Jusqu'au 23 novembre 2025. Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h

Thème

  • Moscou en 1905 : la nuit est froide et humide dans le sous- sol de cette cave du centre-ville. Un homme et une femme membres du Parti Socialiste Révolutionnaire attendent en silence, ils guettent à travers un soupirail le passage de la calèche du Grand-Duc Serge. • Corps tendus comme un arc, regards fiévreux, mais déjà on entend au loin le claquement des  sabots sur les pavés : dehors dans une minute, l’un des leurs, va lancer sa bombe. 

  • Soudain, le silence les enveloppe, l’attentat contre le tyran a échoué car Yanek, le poète révolutionnaire qui a tout quitté pour rejoindre l’Organisation, a renoncé à son geste. En effet, dans la calèche, aux côtés du Grand- Duc et de la Grande Duchesse se trouvaient deux enfants. 

  • Faut-il tuer des innocents pour en sauver d’ autres, les enfants du peuple souffrant de la famine et de l’oppression ? La grandeur de la cause - justice, partage, fraternité – mérite-t’elle de déroger à l’honneur, de passer outre à la simple morale des hommes?

  • Débat existentiel au sein de ce groupe de nihilistes, qui revendiquent haut et fort leur filiation avec Saint Just (« Le bonheur est une idée neuve » en Russie également) et à la Terreur de 1793. 

  • Pour Stepan, l’ex-bagnard qui n’ aime pas la vie, le catéchisme révolutionnaire balaie tous les doutes. Mais Dora, déchirée entre ses idéaux révolutionnaires et son amour pour Yanek, pose des limites : on ne tue pas les enfants. Quant à Annenkov, ce chef froid et déterminé en apparence avoue à Dora qu’il a lui-même traversé un moment marqué par « l’amour des femmes, le vin , les nuits qui n'en finissaient pas. » 

  • Chaque personnage possède une faille : ils sont, dit Camus, des « meurtriers délicats. » 

Points forts

  • Une mise en scène au cordeau, sobre, efficace,  servie par une musique discrète qui prolonge la tension, creuse les silences.  

  • Des comédiens habités, sur le fil du rasoir, au service d’ un texte magnifique et de la vérité cachée de leur personnage :

    • Arthur Cachia est Stepan, bloc massif, de granit , consumé de l’ intérieur par la haine, mais néanmoins traversé par le doute, par la force de la vie qui va ; 

    • Marie Wauquier interprète Dora (rôle créé par Camus pour Maria Casarès) et joue avec finesse et sensibilité les déchirements du cœur et de l’âme de cette une femme amoureuse, prête à sacrifier sa vie pour le parti ; 

    • à travers leur interprétation, Oscar Voisin (Yanek) et Étienne Ménard (Annenkov) nous font entendre la profonde humanité de Camus. 

Quelques réserves

  • Un début un peu “mou“, lié au rodage des premières représentations, quelques ajustements dans les répliques restant à affiner. 

Encore un mot...

  • Yanel [égaré] : « Je ne pouvais pas prévoir… Des enfants surtout. As- tu regardé des enfants ? Ce regard grave qu’ils ont parfois… Je n’ai jamais pu soutenir ce regard. Ils se tenaient tout droit et regardaient dans le vide. Comme ils avaient l’air triste ! Perdus dans leurs habits de parade. Je n’ai vu qu'eux. » 

Une phrase

  • Écrivain, essayiste dramaturge, Albert Camus (1913-1960) est né dans un milieu modeste en Algérie. Il est l’auteur de L'étranger, du Mythe de Sisyphe, de La Peste et de La Chute

  • Dans son œuvre théâtrale figurent Les JustesCaligula, et une adaptation des Possédés de Dostoïevski. 

  • Figure majeure de la vie intellectuelle française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Albert Camus reçut en 1957 le Prix Nobel de littérature. 

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