
Les Justes
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Thème
Moscou en 1905 : la nuit est froide et humide dans le sous- sol de cette cave du centre-ville. Un homme et une femme membres du Parti Socialiste Révolutionnaire attendent en silence, ils guettent à travers un soupirail le passage de la calèche du Grand-Duc Serge. • Corps tendus comme un arc, regards fiévreux, mais déjà on entend au loin le claquement des sabots sur les pavés : dehors dans une minute, l’un des leurs, va lancer sa bombe.
Soudain, le silence les enveloppe, l’attentat contre le tyran a échoué car Yanek, le poète révolutionnaire qui a tout quitté pour rejoindre l’Organisation, a renoncé à son geste. En effet, dans la calèche, aux côtés du Grand- Duc et de la Grande Duchesse se trouvaient deux enfants.
Faut-il tuer des innocents pour en sauver d’ autres, les enfants du peuple souffrant de la famine et de l’oppression ? La grandeur de la cause - justice, partage, fraternité – mérite-t’elle de déroger à l’honneur, de passer outre à la simple morale des hommes?
Débat existentiel au sein de ce groupe de nihilistes, qui revendiquent haut et fort leur filiation avec Saint Just (« Le bonheur est une idée neuve » en Russie également) et à la Terreur de 1793.
Pour Stepan, l’ex-bagnard qui n’ aime pas la vie, le catéchisme révolutionnaire balaie tous les doutes. Mais Dora, déchirée entre ses idéaux révolutionnaires et son amour pour Yanek, pose des limites : on ne tue pas les enfants. Quant à Annenkov, ce chef froid et déterminé en apparence avoue à Dora qu’il a lui-même traversé un moment marqué par « l’amour des femmes, le vin , les nuits qui n'en finissaient pas. »
Chaque personnage possède une faille : ils sont, dit Camus, des « meurtriers délicats. »
Points forts
Une mise en scène au cordeau, sobre, efficace, servie par une musique discrète qui prolonge la tension, creuse les silences.
Des comédiens habités, sur le fil du rasoir, au service d’ un texte magnifique et de la vérité cachée de leur personnage :
Arthur Cachia est Stepan, bloc massif, de granit , consumé de l’ intérieur par la haine, mais néanmoins traversé par le doute, par la force de la vie qui va ;
Marie Wauquier interprète Dora (rôle créé par Camus pour Maria Casarès) et joue avec finesse et sensibilité les déchirements du cœur et de l’âme de cette une femme amoureuse, prête à sacrifier sa vie pour le parti ;
à travers leur interprétation, Oscar Voisin (Yanek) et Étienne Ménard (Annenkov) nous font entendre la profonde humanité de Camus.
Quelques réserves
- Un début un peu “mou“, lié au rodage des premières représentations, quelques ajustements dans les répliques restant à affiner.
Encore un mot...
- Yanel [égaré] : « Je ne pouvais pas prévoir… Des enfants surtout. As- tu regardé des enfants ? Ce regard grave qu’ils ont parfois… Je n’ai jamais pu soutenir ce regard. Ils se tenaient tout droit et regardaient dans le vide. Comme ils avaient l’air triste ! Perdus dans leurs habits de parade. Je n’ai vu qu'eux. »
Une phrase
Écrivain, essayiste dramaturge, Albert Camus (1913-1960) est né dans un milieu modeste en Algérie. Il est l’auteur de L'étranger, du Mythe de Sisyphe, de La Peste et de La Chute.
Dans son œuvre théâtrale figurent Les Justes, Caligula, et une adaptation des Possédés de Dostoïevski.
Figure majeure de la vie intellectuelle française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Albert Camus reçut en 1957 le Prix Nobel de littérature.
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