Martin Eden

La révélation d’une vocation
De
Véronique Boutonnet, d’après le roman de Jack London
Mise en scène
Richard Arselin
Avec
Véronique Boutonnet, Franck Etenna, Luca Lomazzi, Olivier Deville
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Essaïon
6 rue Pierre au Lard
75004
Paris
01 42 78 46 42
Les vendredis et samedis à 21h15, jusqu’au 9 avril

Thème

• Oakland, début du XXe siècle. Martin Eden, jeune marin fruste de vingt ans, sans éducation ni culture, fait la connaissance de Ruth Morse, une jeune fille de la classe aisée, et en tombe immédiatement amoureux. Pour la séduire, il décide de se forger une instruction profonde et solide, jusqu’à en devenir écrivain. Mais son ascension intellectuelle et sociale se doublera d’une chute intime qui lui sera fatale.

• Souvent présenté comme une autobiographie déguisée - ce dont son auteur se défendra toujours - ce roman fut écrit par Jack London à bord de son bateau Le Snark lors d’une croisière dans l’océan Pacifique, sous l’œil bienveillant de sa seconde épouse, Charmian.

• Si Martin et Jack ne sont pas la même personne, ils se ressemblent pourtant comme des frères :  deux aventuriers autodidactes, deux écrivains spontanés, partis des bas-fonds à l’assaut de la bourgeoisie, curieux du monde et dévorés par la passion de l’écriture.

Points forts

• Ce qui semble avoir surtout retenu l’attention de Véronique Boutonnet - qui signe l’adaptation théâtrale de ce gros roman (elle joue aussi avec beaucoup de sensibilité les personnages très différents de Ruth et de Charmian) - c’est la naissance de cette vocation brute. Bien qu’il ne dispose que d’une grammaire incertaine, d’un vocabulaire restreint, d’un parler vulgaire et d’aucune connaissance livresque, le jeune Martin se sent au plus profond de lui-même un écrivain. Et écrivain, il l’est. La preuve : il va écrire, et l’on finira par le publier. Cette prise de conscience - subite, insensée - d’être né en vérité si loin de lui-même, est particulièrement touchante, bouleversante même.

• Car l‘histoire de Martin Eden est le récit d’une tempête sous un crâne, d’un homme qui affronte les pires éléments pour accoucher de lui-même. Ce qu’il vit de l’intérieur s’accorde pleinement avec les aléas affrontés en mer en tant que marin. Le parallèle des deux actions, celle de l’intime et celle du corps, est bienvenu.

Quelques réserves

Mettre en abyme l’auteur et son personnage, Jack et Martin, ainsi que leurs compagnes Charmian et Ruth, est une idée très séduisante, tant leurs destinées sont proches, leurs personnalités comparables, mais sur scène, les transitions ne sont pas toujours très lisibles. Pour tout dire, on se perd un peu dans ces allers et retours entre la réalité et la fiction.

Encore un mot...

Dans sa mise en scène, Richard Arselin passe avec plus de bonheur des scènes d’intérieur aux scènes de tempête en mer. D’ailleurs - et c’est un paradoxe - un théâtre ressemble beaucoup à un bateau : le plateau et le pont sont du même bois, les cordages pour appuyer les décors et ceux pour hisser les voiles se ressemblent, et affronter le public pour un comédien reste tout aussi hasardeux, périlleux même, que prendre la mer pour un marin.

Une phrase

Martin Eden : «  Je dois écrire parce que c’est en moi, et je sais ce qui est en moi. Je le sais mieux que personne. Mon désir d’écrire est ma vie même. »

L'auteur

• Véronique Boutonnet est comédienne et auteure, mettant parfois en scène ses propres œuvres. Elle aime composer des adaptations de textes de la littérature classique (Les Misérables, Le Comte de Monte-Cristo) en leur donnant des formes très personnelles. Elle fonde la maison d’édition Les Âmes libres. 

• Comédienne, elle fait ses débuts au CDN d’Orléans après avoir été formée au conservatoire d’Orléans et au cours Périmony. Très vite, elle monte sa propre compagnie et interprète Molière, Rostand, Racine, Corneille, Marivaux, Calaferte, Vian, entre autres.

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