Olympe de Gouges, plus vivante que jamais

Un peu d’Histoire
De
Joëlle Fossier Auguste
Adaptation : Joëlle Fossier Auguste
Avec
Joëlle Fossier Auguste
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

La Divine comédie
2, rue Saulnier
75009
Paris
01 42 46 03 63
Jusqu’au 29 mars 2025 Mardi à 19h 30, le samedi 15h​

Thème

  • Emprisonnée dans une cellule de la Conciergerie dans l’attente d’un procès, Olympe de Gouges se confie à son geôlier, un jeune homme aimable nommé Fabien. Elle se souvient de son enfance à Montauban entre un “père“ boucher et une mère adultère, de son vrai père Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, de son mariage à 17 ans avec un homme de 30 ans son aîné, du veuvage qui la libère lui permettant de venir à Paris dans les années 1770 et d’y prendre un amant, Jacques Biétrix de Rozières, lequel finance ses débuts en littératureSa première pièce, Zamore et Mirza, consacrée à l'esclavage des Noirs lui vaut la célébrité et bien des inimitiés. 

  • La Révolution transforme cette femme libre en femme d’exception, en donnant plus d’ampleur et plus d’écho à sa défense des opprimés, qu’ils soient noirs ou femmes. Amie du subtil Condorcet et de la courageuse Madame Roland, elle prêche pour l’abolition de l’esclavage, le droit au divorce, l’instauration de droits sociaux. 

  • Conversant ainsi avec son gardien, Olympe affirme une dernière fois ses convictions, sa haine de ceux qu’elle tient pour responsables des massacres de septembre : Marat cet « avorton de l'humanité » et Robespierre, qu’elle soupçonne de vouloir instaurer une dictature, avant d’être conduite au tribunal révolutionnaire pour affronter l'impitoyable Fouquier-Tinville. Sur le chemin de l’échafaud elle est reniée par son fils, l'adjudant général Pierre Aubry de Gouges.

Points forts

  • On est heureux d’entendre la voix, même “fictionnalisée“, de l’autrice remarquable de la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne rédigée en urgence en 1791, en réaction à la Constitution excluant les femmes des droits civiques et politiques et de tant d’autres textes importants mais méconnus du grand public. De ce point de vue, le spectacle fait du bien.

Quelques réserves

  • Dramaturge, Joëlle Fossier Auguste est aussi comédienne, mais il n’est pas sûr qu’elle ait intérêt à jouer ses textes. Le ton est déclamatoire, forcé et au total artificiel qui transforme littéralement Olympe de Gouges en statue, ce dont elle n’a pas besoin.  

  • On peut, en outre, reprocher au texte une vision un peu binaire et manichéenne de l’histoire de la Révolution française, qui oppose les Girondins modérés et humains aux féroces Montagnards, oubliant l’ampleur du programme politique et économique de ces derniers et les difficultés militaires qui expliquent la proclamation de la Terreur. 

  • Comme l’affiche, les projections d’images (le diaporama sur les souvenirs d’Olympe dans la campagne est presque consternant) et le choix des musiques les plus connues du répertoire classique témoignent d’un goût convenu et/ou du choix de quelqu’un qui répugne à surprendre le spectateur. Ce parti pris esthétiques sied bien peu à l’héroïne.

  • Opter pour une tenue résolument contemporaine n’est en soi pas un problème, mais les choix de vêtement sont ici plus que discutables : les guêtres en laine rouge sont affreuses, la surchemise incompréhensible, malgré ses rayures très XVIIIe siècle, sans parler du bandeau ceignant la tête de la comédienne...

Encore un mot...

  • Guillotinée le 3 novembre 1793 sur la place de la Concorde à Paris, Olympe de Gouges reste une des figures historiques les plus connues d’un féminisme qui ne limite pas ses combats aux femmes, mais englobe tous les opprimés et les réprouvés de l’ordre social et politique. 

  • Olympe de Gouges jouit aujourd’hui d’une reconnaissance qui, si elle ne passe pas par la panthéonisation, lui a tout de même valu en juillet 2024 de figurer parmi les « Dix femmes inspirantes » célébrées lors de la cérémonie des Jeux olympiques de Paris.  

Une phrase

  • Fouquier-Tinville : « Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, tu parais devant le tribunal révolutionnaire pour quatre chefs d’inculpation : manipulation politique, écrits subversifs, intelligence avec l’ennemi, modération envers la royauté.
    - Olympe : Quatre chefs d’inculpation, rien que ça ! »

  • Olympe : « Je demande la création d’une caisse patriotique, pour que celui qui a donne à celui qui n’a pas. Je demande l’éducation publique pour les garçons et les filles, des maternités où les femmes pourront accoucher dignement, des maisons de repos décentes pour nos aînés, des ateliers nationaux pour nos ouvriers, des foyers d’accueil pour les mendiants, des orphelinats pour les enfants trouvés, la reconnaissance entière pour les enfants nés hors mariage (…) un contrat civil entre concubins qui ne tiendraient pas à se marier. »

L'auteur

  • Dramaturge, metteuse en scène et comédienne (notamment de doublage), Joëlle Fossier Auguste a écrit, depuis les années 1980, un grand nombre de pièces, créées et jouées à Paris, au Festival d'Avignon et en province. 

  • Elle propose notamment un cycle de huit Seules en scène mettant à l'honneur des femmes aux destins exceptionnels : la comtesse de Ségur, Sarah Bernhardt, Mère Téresa et Olympe de Gouges déjà réalisés. Marthe Richard (la loi), Juliette Récamier, Blanche de Castille et Gerty Archimède, en projet ou en cours de création.

Commentaires

Elsa Dillenseger
mer 05/02/2025 - 14:13

Quand je lis cette longue critique, il me semble que nous n'avons pas vu le même spectacle ! J'ai assisté à une représentation hier et j'ai trouvé, au contraire, que la comédienne, également auteure de ce beau texte, est pleine de dynamisme et joue avec force et justesse les différents moments de cette pièce et correspond bien plus au personnage hors du commun qu'était Olympe de Gouges qu'une autre comédienne que j'ai vue il y a quelques année dans ce rôle.
Les spectateurs qui m'entouraient ont d'ailleurs suivi avec beaucoup d'attention tout ce qui se déroulait sur la scène et ont , comme moi, applaudi avec chaleur la prestation de la comédienne. Peut-être ne sommes-nous pas des "spécialistes" (comme se veulent les critiques qui écrivent dans les médias) mais je pense que, lorsqu'une pièce est suivie avec une grande attention par l'ensemble de la salle et que nous sortons enchantés dans l'ensemble, c'est que le spectacle n'était pas aussi "mauvais" que la critique d'une seule personne non convaincue semble l'affirmer. Pour ma part j'ai beaucoup aimé les moments poétiques (comme la petite vidéo des "papillons" tant décriée ici), j'ai beaucoup apprécié aussi les "dialogues" très enlevés avec les différentes voix off (excellentes) et je trouve que les musiques étaient très bien choisies pour créer les ambiances... Bref, je ne suis "qu'une" spectatrice mais je veux pouvoir donner moi-aussi mon ressenti afin que ceux qui lisent cette critique plutôt défavorable, sachent que d'autres ont vraiment apprécié. Pourquoi "descendre en flèche" quelque chose que d'autres peuvent apprécier ...les goûts sont multiples ! Et je me pose une question : comment la personne qui a écrit cette critique a-t-elle retenu autant du texte de la pièce ? Elle cite d'ailleurs des répliques que, pour ma part, je n'ai pas entendues sur scène !? Comment a-t-elle fait ?
En tout cas, pour moi cette pièce est une pépite et je la conseille vivement.

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