Othello

Des comédiens exceptionnels pour une mise en scène intelligente et drôle
De
William SHAKESPEARE
Mise en scène
Jean-François SIVADIER
Avec
Adama Diop (Othello), Nicolas Bouchaud (Iago), Emilie Lehuraux (Desdémone)
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Odéon Théâtre de l’Europe
Place de l’Odéon
75006
Paris
01 44 85 40 40
Du 18/03 au 24/04 du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15 heures, puis en tournée.

Thème

  • La fable est simple. Othello, valeureux général maure au service de Venise, est sournoisement jalousé par son enseigne Iago. Pour faire tomber Othello, Iago va user de stratagèmes successifs tout en restant masqué. Tout d’abord, il fait accuser le Maure d’avoir déshonoré Desdémone mais, bel et bien marié à la jeune fille, le général est réhabilité par le Doge, qui l’envoie défendre Chypre contre les Turcs. 
  • Sur l’île, Iago manipule alors Cassio, un lieutenant qu’il jalouse aussi : il le pousse à boire et, lorsque le lieutenant ivre est dégradé pour avoir blessé un gouverneur, il l’incite à se rapprocher de Desdémone, afin qu’elle plaide sa cause auprès du Maure. Dans le même temps, Iago instille le doute dans l’esprit d’Othello : n’est-il pas suspect que Desdémone réclame la clémence de son mari pour Cassio ? Cela ne trahirait-il pas une liaison adultère ?... 
  • Le ver est dans le fruit. Othello confronte sa femme, exige qu’elle lui montre le mouchoir dont il lui a fait cadeau, un mouchoir subtilisé par Iago. Rendu fou par la jalousie, Othello va alors commettre le pire…

Points forts

  • Tandis que les spectateurs s’installent sous les ors de l’Odéon, deux comédiens les observent et les interpellent depuis la scène, nous rappelant ainsi qu’au théâtre tout est construction. Dans un prologue que n’a pas écrit Shakespeare, ils s’apprivoisent et les voilà amoureux. 
  • Au moins pour la première partie du spectacle, la mise en scène de Jean-François Sivadier est placée sous le signe de cette liberté, et son adaptation n’est jamais malvenue ni gratuite. Il tire le meilleur parti du comique shakespearien et propose un Othello ludique, énergique, parfois même tonitruant, plein de trouvailles et de clins d’œil, emmené par un duo Iago/Othello formidable, une Desdémone actuelle et un Roderigo drôle à souhait. C’est un bonheur.
  • La mise en scène irrévérencieuse ne fait pas oublier le fond, loin de là, et le texte est respecté. Avec la deuxième partie, le spectacle bascule dans le désastre tragique. La relation d’emprise se resserre, la jalousie et la passion aveugle conduisent au chaos d’une conclusion sanglante.

Quelques réserves

  • La première partie est tellement percutante et inventive qu’on éprouve une pointe de déception devant la deuxième, plus classique.

Encore un mot...

  • Au-delà de l’intemporalité de ses grands thèmes, Othello résonne avec des problématiques contemporaines sociales et politiques parmi les plus sensibles : le féminicide ; le racisme et l’intégration de l’Autre. Les exploits et la vaillance d’Othello, son élévation sociale lorsqu’il épouse Desdémone - blanche et fille de sénateur - ne valent pas grand-chose aux yeux d’hommes comme Iago, qui ne verront jamais en lui qu’un transfuge illégitime, un étranger, pis, la bête. Pour laisser le piège de Iago se refermer sur lui plutôt que de croire Desdémone, Othello lui-même n’est sans doute pas convaincu de pouvoir un jour dépasser la contradiction.  
  • Un Othello pour tout le monde, réjouissant, où l’on ne risque pas de s’endormir.

Une phrase

Othello vient de tuer Desdémone : 

« Qui peut maîtriser sa destinée ? (…) Ne vous effrayez pas, même en me voyant armé. Voici le terme de mon voyage, en voici le but, voici le point de repère de ma voile épuisée ! (…) Menacez seulement d’un roseau la poitrine d’Othello, et il reculera… Où donc irait Othello ? »

L'auteur

  • On sait finalement peu de choses sur le poète qui écrivit Othello, inspiré d’une nouvelle italienne, et tant d’autres pièces et sonnets, d’autant qu’on le perd de vue pendant plusieurs années pour ne le retrouver qu’au sommet de sa notoriété. 
  • L’auteur du Roi Lear, de Macbeth, du Songe d’une nuit d’été, et plus encore, est-il bien le même homme que ce dénommé William Shakespeare, né à Stratford-Upon-Avon en 1564 et mort dans la même ville cinquante-deux ans plus tard ? Il est, en tout cas, l’auteur le plus connu et le plus marquant du théâtre élisabethain.
  • Né en 1963, ancien élève du TNS, Jean-François Sivadier est comédien, metteur en scène de théâtre et d’opéra.

Commentaires

Vinz
dim 09/04/2023 - 11:34

Le spectacle ne marche pas. Le metteur en scène essaie de faire (on ne comprend jamais pourquoi) Othello version mauvaise comédie des Nuls. De ce fait, lorsque le drame apparaît et que tout le monde commence à mourir, bah, le public, il rigole, quoi. C'est d'une stupidité ignoble... Le metteur en scène veut mettre pas une, mais DEUX chansons de Queen l'une après l'autre ; bon, bah, why not, se dit-on. Mais par la suite, Iago se met à débiter un discours pseudo "féministe" sur le fait que les femmes peuvent... Conduire des voitures et des avions, à Venise, en 1530, je suppose. Ridicule.
Le pire outrage est de faire Othello baisser son pantalon jsq à la cheville, pour ensuite avancer par des petits pas ridicules au milieu de la scène où il tue Desdemonna !
Comme aurait dit Shakespeare, WHAT THE FUCK.

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