Où les étoiles tombent
Texte lu par Samuel Charle
Parution le 13 août 2025.
Durée 9 h 25.
25,50 Euros ; 21,95 Euros en téléchargement.
(Edition brochée, première parution en 2025 chez Stock, 400 pages)
Infos & réservation
Thème
Le 12 août 2022, dans le silence suspendu d’une vallée du Haut-Adige, Cédric Sapin-Defour et sa compagne Mathilde s’élancent en parapente. Un vol comme tant d’autres, jusqu’à l’irréparable : Mathilde chute, une centaine de mètres plus bas. Où les étoiles tombent explore ce qui demeure après cet effondrement : le corps meurtri, l’identité vacillante, et cette vie qu’il faut réapprendre.
Points forts
- Une écriture ciselée et rigoureuse : chaque phrase semble pesée, polie, comme taillée dans la pierre du réel. Le choix d’un vocabulaire riche et nuancé donne au texte une densité rare, et traduit l’exigence de dire juste - avec beauté, mais sans fioritures.
- Un sens de la formule : l’auteur possède cette rare faculté de faire naître l’évidence en quelques mots. Il y a, dans cette manière de dire, une poésie discrète mais tenace, comme une musique qui continue de résonner longtemps après avoir entendu ses mots résonner.
- Le suspense : je n’avais rien lu, rien su, avant d’ouvrir le livre. Dès les premières pages, une tension sourde s’installe. Ce n’est pas un thriller, non, mais la question plane, obsédante : a-t-elle survécu ? On avance avec le cœur serré, happé par ce silence qui en dit déjà trop.
Quelques réserves
- Une atmosphère étouffante : il va de soi qu’un tel sujet ne laisse guère de place à la légèreté. Pourtant, au fil des pages, l’immersion dans l’univers hospitalier devient pesante, presque oppressante. La littérature peut - et doit - parfois déranger, mais ici, l’asphyxie guette, et l’on souhaiterait par instants une respiration, un contrepoint, une échappée.
- Un ouvrage un peu long : à force de scruter chaque infime progrès, l’écrivain finit par alourdir le récit. Malgré l’empathie évidente que suscite cette épreuve, la trame, ténue, s’étire au point de diluer l’émotion. L’attention du lecteur vacille, moins par manque d’intérêt que par saturation.
- Les dates : Pour ancrer le récit dans une chronologie lisible, l’auteur choisit de jalonner chaque scène d’un repère : « J + nombre de jours ». Le point zéro - le jour de l’accident - fait écho à notre calendrier occidental fondé sur une naissance symbolique. L’idée est forte mais passé le millier de jours, à moins d’une agilité mentale certaine, on se perd vite.
Encore un mot...
Une construction linéaire assumée : on peut s’étonner que les retours en arrière n’aient pas la force d’évocation qu’on retrouve, par exemple, dans le film Le Vieux Fusil. Les éclats du bonheur passé, placés en contrepoint de la douleur présente, auraient sans doute renforcé l’intensité dramatique. Les traces lumineuses de ce temps révolu affleurent parfois, mais sans rupture franche.
Une phrase
“ Car la lune et le soleil mesurent le temps pour tous les êtres de la terre, qu’ils dansent, qu’ils rêvent ou qu’ils pleurent. Il faut s’éloigner et il faut s’échapper, qu’aujourd’hui devienne hier est nécessaire. Souhaiter que le temps passe n’est pas toujours l’insulter mais la prière qu’il dure.”
L'auteur
Né en 1975 à Saint-André-les-Vergers, dans l’Aube, Cédric Sapin-Defour est un homme de cimes et de mots. Alpiniste, professeur d’EPS, amoureux du plein air, il écrit comme on arpente une paroi : avec précision, engagement, et le goût du vertige. Après plusieurs livres dédiés à la montagne, il touche un large public en 2023 avec Son odeur après la pluie, bouleversant hommage à son chien. Où les étoiles tombent est d’ores et déjà un énorme succès.
Le lecteur :
Formé durant trois années auprès d’Alexandre Grecq, ancien pensionnaire de la Comédie-Française, Samuel Charle forge sa voix et sa présence au contact du théâtre classique. Son interprétation sobre et habitée accompagne le texte avec justesse, sans jamais en trahir la pudeur.
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