Par les Villages

De
Peter Handke
Mise en scène
Stanislas Nordey
Avec
Laurent Sauvage, Stanislas Nordey, Emmanuelle Béart, Annie Mercier
Recommandation

Si vous êtes capable de supporter beaucoup pour découvrir un peu...

Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Théâtre de la Colline
01 44 62 52 52
Jusqu'au 30 novembre

Thème

Thème de cette pièce largement autobiographique, et tardive dans l'oeuvre théâtrale de Peter Handke, écrivain autrichien important de la seconde moitié du 20° siècle, et compagnon de route cinématographique de Wim Wenders: dans des circonstances familiales délicates, un écrivain revient dans le village de son enfance. L'occasion d'une réflexion sur le sens de la vie, et sur la classe ouvrière aujourd'hui.

Avec, comme presque toujours chez Handke, une interrogation sur le langage et la finalité du théâtre. Sachant, au surplus, que chez Handke, "l'insignifiant" a au moins autant d'importance symbolique que l'action elle-même.
 

Points forts

  • Le texte lui-même: ce que Handke dit sur l'appauvrissement humain des villes, la déshumanisation des campagnes et la gangrènisation du territoire par le développement de périphéries urbaines anonymes.
    Et, surtout, ce qu'il exprime de l'extrême complexité qui peut parfois caractériser les rapports familiaux.
  • Stanislas Nordey, en tant que metteur en scène, a du souffle. En trois ou quatre courts moments, on se laisse emporter et on se dit: "Ce metteur en scène-là, s'il choisissait la simplicité...".
  • L'interprétation. Deux comédiens, au moins, sont tout à fait remarquables:
    - Laurent Sauvage, dans le rôle de l'écrivain qui revient au village. Il est exceptionnel de présence, de simplicité, d'authenticité.
    - Annie Mercier, dans celui d'une intendante de chantier, personnage qu'elle incarne avec autant de force que de délicatesse. Un exercice de haut vol.

Quelques réserves

  • Sur les 3H1/2 que dure la pièce, il doit bien il y avoir deux heures de logorrhée verbale, dénuée de tout sens ou presque, si ce n'est d'accumuler les poncifs les plus contradictoires. Exemple typique, l'interminable monologue de Nova, à la fin, monologue soi disant visionnaire, dont je n'aurais pas la cruauté de citer une dizaine de phrases, témoin d'une pauvreté intellectuelle abyssale.
  • Je voudrais bien savoir s'il y a beaucoup d'ouvriers qui se reconnaîtront dans la description que Handke fait de la classe ouvrière aujourd'hui. Mânes de Proudhon, de Fourrier et de Zola, réanimez-vous! On croirait entendre une sorte de Victor Hugo furieusement gauchiste.
  • Quant à la diatribe contre les commerçants, on ne peut pas dire qu'elle traduise un sens aigu de la complexité des choses. Plus gaucho, tu meurs...
  • Décidément, après la description du monde des représentants de commerce dans le spectacle de Joël Pommerat, "LA GRANDE ET FABULEUSE HISTOIRE DU COMMERCE"... Mais quelle économie de moyens, quelle auto-discipline, quelle maîtrise chez Pommerat!
     

Encore un mot...

Qui seront trois:

  • Ce qui a pu fasciner certains, au mois de juillet dernier, lors de la présentation de cette pièce en Avignon, dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes, s'estompe largement dans le cadre austère de ce grand lieu d'expression culturelle qu'est le Théâtre de la Colline. Ici, les mots sont réduits aux mots. Et quand la mise en scène a un tel côté ascétique, janséniste, ces mots-là ont beaucoup de mal à résister à une accumulation de poncifs, qui, par moments, donnent la nausée.
  • Ceci étant, grand motif pour moi de perplexité et de réserve: une partie du public était aux anges! Les voies du Seigneur sont, semble-t-il, impénétrables...
  • Néanmoins, je persiste et signe: cette rentrée théâtrale 2013-2014 est malheureusement, de mon point de vue, l'une des plus sombrement et pauvrement cultureuse depuis les années 70. C'est pas peu dire...

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