Parle-moi d’amour
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Thème
Le couple fournit une matière inépuisable pour la comédie, mais tous les couples ne se ressemblent pas : certains offrent, à l’occasion d’une dispute dont on ne sait comment elle commence, l’opportunité de la satire sociale.
- La scène de ménage, qui dure toute la séquence, se déroule dans le très bourgeois 7e arrondissement de Paris, dans un cadre privilégié où se règlent des comptes dans tous les sens du terme. Homme, femme, enfants, tout y passe !
Points forts
Le texte de la pièce est très bien écrit et servi par deux comédiens virtuoses dans la manière très naturelle de dérouler, avec précision, les répliques les plus impertinentes voire blessantes entre deux êtres unis, depuis trois décennies, par les liens du mariage.
Le potentiel comique ne s’épuise pas, parce que la dispute ordonne le récit d’une vie à deux avec enfants, dont les caractères sont eux aussi mis en balance dans le bilan désastreux du couple.
- Le décor, prétentieusement design, participe au cocasse et à l’inconfort de la vie à deux. Il offre en lui-même un complément narratif essentiel.
Quelques réserves
- La fin décevante (que l’on ne dévoilera pas ici) fait tomber dans le banal ritualisé ce drame bourgeois qui commençait à s’étirer en longueur.
Encore un mot...
L’ordre économique commande-t-il les sentiments ? Les femmes sont-elles toujours celles qui sacrifient leurs talents pour permettre aux hommes de s’élever dans la hiérarchie sociale ?
En effet, l’ambition se conjugue ici au masculin lorsque les énarques, imbus d’eux-mêmes autant que serviles et hypocondriaques, se dévorent dans des rivalités mimétiques, laissant leurs femmes meubler les soirées par leurs tenues et leurs bavardages, uniquement destinés à mettre en musique les frottements d’ego masculins.
Peut-être serait-il sain de revisiter ces clichés plutôt que de les mettre éternellement en scène dans une thérapie de couple par l’insulte qui donne l’impression d’un temps immuable.
Une phrase
Lui :
- « Ça va faire trente ans que tu m’emmerdes. »
- « J’ai épousé une concierge ou quoi ? »
- « Je peux tout t’expliquer. »
- « Je préférerais toujours coucher avec une nymphomane française qu’avec les Allemands. »- Elle : « Tu souilles les plus beaux souvenirs. »
L'auteur
Né à Dombasle-sur-Meurthe en 1962, Philippe Claudel est un écrivain, poète, scénariste et réalisateur. Agrégé de lettres modernes, il soutient en 2001 une thèse de doctorat en littérature française consacrée à André Hardellet (1911-1974) sous le titre "Géographies d'André Hardellet", tout en enseignant en collège, en lycée, dans des hôpitaux auprès d’enfants malades, et pendant douze ans à la maison d’arrêt de Nancy et quatre années dans un établissement spécialisé pour enfants handicapés.
Ph. Claudel publie son premier roman, Meuse l’oubli en 1999 aux éditions Balland. Nommé maître de conférences en littérature et anthropologie culturelle à l’Université de Nancy II (Université de Lorraine), il enseigne un temps l’écriture scénaristique au sein de l’IECA (Institut Européen de Cinéma et d’Audiovisuel).
Auteur prolifique d’une trentaine de livres - romans, récits, nouvelles, poèmes, traduits dans le monde entier, il obtint en 2003 le Goncourt de la Nouvelle pour le recueil Les petites mécaniques et le prix Renaudot pour Les âmes grises, adapté au cinéma en 2005. En 2007, son roman, Le Rapport de Brodeck, remporte le Goncourt des Lycéens.
En 2008 sort sur les écrans son premier film, Il y a longtemps que je t’aime, avec Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein, couronné par deux César et de très nombreuses récompenses dont deux nominations aux Golden Globes et le Bafta du meilleur film étranger.
- Son quatrième film, Une enfance, est sorti en 2015. Ph. Claudel intègre l'Académie Goncourt en janvier 2012.
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