Super Raptor
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Thème
La famille Johnson s’apprête à passer la soirée de Noël dans la joie et la bonne humeur. Mais les désirs contradictoires des uns et des autres vont en décider autrement : l’aîné, Jérémie, 8 ans, trépigne d’une folle impatience à l’idée d’ouvrir le cadeau que lui a promis son oncle Claude – une automobile lumineuse du nom de Super Raptor - et se heurte au refus coupant de ses parents, car « ça n’est pas encore l’heure. »
La dispute familiale va redoubler avec le surgissement du Père Noël, confrontant les parents à leur mensonge.
Points forts
User des codes des sitcoms familiales des années 90 pour mettre en exergue l’artifice du rituel de Noël est une idée lumineuse. Dans ce salon typique, tout est ordonné, familier et conventionnel, les inévitables chaussettes de Noël sont épinglées sur le manteau de la cheminée, incarnation symbolique d’une famille unie et d’un bonheur ordinaire et le sapin brille de mille feux.
La lumière, la musique d’ambiance, les rires enregistrés, les effets sonores, les brusques ruptures de ton, tout conspire à créer le décalage et installer une cruauté malicieuse. Tandis que la famille traverse des épreuves improbables qui la révèlent à elle-même, le spectateur rit à gorge déployée, entre franche hilarité et malaise. C’est toute la force de la satire que d’opérer cette mise à distance critique qui permet d’accepter ce que l’on voit : les révélations en cascade qui provoquent la destruction systématique des conventions et la destruction du bonheur familial. On n’y croit pas, on y croit tout de même, ça grince fort et ça fait du bien.
Enlevés, la mise en scène et le jeu des comédiens donnent à voir la décomposition progressive du cadre mental et matériel de cette famille à la fois fictive, caricaturale et si familière…
Quelques réserves
- Pour atteindre une dimension plus décapante, il faudrait à ce texte peut-être davantage de punchlines, des répliques plus inattendues, plus cruelles, bref une tonalité plus méchante encore en somme.
Encore un mot...
Inspiré par Notre Belle Famille (Step by Step), série américaine très premier degré que le monde entier a suivi entre 1991 et 1998, Super Raptor doit aussi beaucoup à l’esprit du Splendid et au Père Noël est une ordure.
Il s’agit ici aussi de révéler la puissance du conditionnement collectif, celle du récit normatif qui est celui de la nuit de Noël, dans sa version séculière comme dans sa version chrétienne, et la violence structurelle, et pas seulement symbolique, de sa force aliénante et consumériste.
La « magie » de Noël justifie-t-elle, en effet, de persister à faire croire aux enfants à l’existence d’un père Noël pourvoyeur de cadeaux, de sacrifier des millions de dindes au nom de la tradition, de vanter au sein d’un entre soi rassurant un bonheur universel et une joie qui durent le temps d’une nuit ?
Tout ce que l’on est prêt-e-s à croire pour continuer à célébrer et à faire la fête est aussi politique, ainsi que le dit l’auteur : on s’accommode, on continue.
Une phrase
Le père : « Le Père Noël n’aime pas les enfants impatients.
- Lili : c’est quoi impatient ? C’est quelqu’un qui va chez le docteur ?
- Jérémie : Le Père Noël n’aime pas les enfants malades. »La mère : « Ne gifle pas ton fils, c’est la meilleure façon de lui inculquer la raison du plus fort comme valeur refuge. »
- Jérémie : « Maman, je peux avoir ma voiture Super Raptor à présent que Dieu est mort ? »
L'auteur
Auteur, comédien et metteur en scène, Romain Duquesne s’est formé à l’ESAD et en arts du spectacle à la Sorbonne Nouvelle – Paris 3. On l’a vu au cinéma, en France et à l’étranger, dans Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, Parabellum, Veuillez agréer, Pornography et Le Portrait de Dorian Gray. Il est l’auteur de Carter est un porc, et des Reculés.
En outre, il enseigne le théâtre depuis quinze ans et intervient régulièrement comme formateur en entreprise, en collectivité et dans les milieux éducatifs.
Il a créé, avec Marie Recours, la Compagnie chaos cosmique en 2025 à Romainville, conçue comme un espace artistique libre et ouvert à la diversité des écritures.
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