TRUFFAUT- Correspondance

La vie de François T. (comprenne qui pourra)
De
François Truffaut
DUREE: : 1H10
Mise en scène
Judith d’Aleazzo et David Nathanson
Avec
David Nathanson Au piano : Antoine Ouvrard ou Pierre Courriol
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Le Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs
75006
Paris
01 45 44 57 34
Du 18 septembre au 10 novembre. Mardi et samedi à 19h Dimanche à 15h30

Thème

  • Sous nos yeux, un pianiste à sa table et un homme concentré, assis dans un fauteuil, qui ressasse les pensées qui le traversent. La musique baigne le plateau et…il parle … ou plus exactement, il écrit. 
  • C’est François Truffaut. C’est sa correspondance qui s’égrène au fil de la plume, au bord des lèvres et du cœur. Il interpelle les interlocuteurs de sa vie. Cette vie qu’on découvre pour qui le cinéma fut le remède miracle de sa vie.

Points forts

  • L’interprétation de David Nathanson est incarnée sans jamais être « jouée » : c’est une déclaration d’amour de l’interprète à un homme qu’il admire. Ce faisant, il s’est abandonné aux mains de sa metteuse en scène, qui l’a dirigé finement avec justesse et précision. Nathanson ne joue jamais François Truffaut, il incarne une force de vie étonnante, la force d’une résilience longue et patiente.
  • S’ajoute à cela un choix de lettres judicieux, et fort différent de celui opéré par Robin Renucci il y a quelques années. Les astuces visuelles du scénographe avec ses projections en retrait. Une économie de moyen pour laisser le champ libre à l’imagination et à la sensibilité du spectateur.

Quelques réserves

Une musique parfois trop présente…mais l’intention est louable.

Encore un mot...

  • Dans cet objet théâtral singulier qui nous est proposé, on est surpris par la forme minimaliste, réduite à sa plus simple expression. François Truffaut ne nomme pas ses interlocuteurs : « Monsieur », « Madame » sont les destinataires de ces lettres, que parfois on reconnaît au fil du temps, mais que bien souvent on découvre. Au besoin le merveilleux pianiste qui l’accompagne lève le voile de l’identité jamais révélée par les mélodies jouées. C’est un duo symbiotique que ces deux êtres là au plateau n’en faisant plus qu’un.
  • Une fois cette forme acceptée, on plonge dans les méandres de la vie accidentée de cet être qu’on croit connaître à travers ses films. On est immergé dans ce parcours multi-accidenté de la vie et on découvre un autre Truffaut. On rencontre François. Un François blessé, révolté, animé d’une force de vie, d’une conviction, d’une revendication, d’une véhémence parfois… C’est un François virulent, pétri d’une humanité heurtée qui fut sauvé par le cinéma à l’âge de 18 ans avec une rencontre déterminante.
  • On pourrait croire ce spectacle destiné à un public cinéphile averti, il n’en est rien. On ne parle jamais de Truffaut, mais on découvre François.

Une phrase

  • « Jean-Luc, 
    Pour ne pas t’obliger à lire cette lettre désagréable jusqu’au bout, je commence par l’essentiel : je n’entrerai pas en co-production dans ton film. Deuxièmement, je te retourne ta lettre à Jean-Pierre Léaud : je l’ai lue et je la trouve dégueulasse… » 
  • « Cher Jean-Louis Bory,
    Ces déchirements qui sont comme des morts, la sensation du trou noir, du je n’existe plus, cette irréalité des visages croisés sans la rue, tout cela je l’ai connu et aussi la certitude qu’on ne peut pas faire comprendre aux autres ce qui se passe en soi, le concret qui se dérobe, ce vide hébété ? »
  • « Chère Sarah,
    Bienvenue parmi nous. Tu verras, ce n’est pas drôle tous les jours, mais enfin… Parfois la vie est une tartine de confiture, d’autres fois, une tartine de m… toujours est-il qu’il faut la manger jusqu’au bout… »

L'auteur

  •  En dehors du scénariste, de l’écrivain et du journaliste que nous connaissons bien, c’est l’écrivain que nous découvrons aujourd’hui. Le réalisateur du Dernier métro largement « césarisé », c’est L’homme qui aimait les femmes et qui l’a tant dit dans son cinéma, c’est le regard lucide sur le cinéma dans La nuit américaine, c’est la bouleversante tragédie de La femme d’à côté
  • Truffaut a tourné avec les plus grandes figures du cinéma français de ces quarante dernières années, il a même joué dans un film de Steven Spielberg comme comédien (Rencontres du troisième type). Il a vécu le rêve américain mais c’est la figure de proue d’un cinéma français de qualité qui nous marque encore.

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