Un cadeau particulier

Plaisir d’offrir... joie de recevoir ?
De
Didier Caron
Mise en scène
Didier Caron et Karina Marimon
Avec
(en alternance) : Karina Marimon (Bénédicte Bailby), Christian Mulot (Didier Caron), Pierre-Jean Cherer (Christophe Corsand)
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Le Funambule-Montmartre
53, rue des Saules 75 018
75018
Paris
01 42 23 88 83
Jusqu’au 30 septembre, du mercredi au samedi 19 h ou 21 h (selon les semaines), le dimanche à 16h

Thème

  • Éric vient d’avoir cinquante ans. Patron comblé de Senior Love, un site de rencontre pour personnes d’un certain âge, il va fêter son anniversaire en petit comité avec sa femme exemplaire, Sabine, et son associé et vieil “ami de trente ans“, Gilles, célibataire endurci et hypocondriaque.
  • Ce dernier lui offre un cadeau tout à fait singulier, qui déclenche l’ouverture de la boîte de Pandore, ou, plus prosaïquement, de la “boîte à baffes“.

Points forts

  • La pièce contient une réflexion intéressante sur le(s) sens et les fonctions d’un cadeau amical, familial, ou conjugal : s’agit-il seulement de faire plaisir ? De se faire plaisir (en l’offrant) ? De se donner une stature, une contenance (par le prix, la transgression) ? D’adresser un avertissement ? Qu’en est-il enfin lorsque le contraste est poussé au maximum entre le caractère nauséabond du présent et l’affection que l’on porte à son récipiendaire ? 
  • Des dialogues assez ciselés, des formules qui font mouche, quand il s’agit de dessiner les caractères des protagonistes.
  • Une réelle profondeur du personnage féminin, tout en contraste avec le caractère de son mari, et l’interprétation dudit, très inspiré des personnages campés par Richard Bacri. Il en va de même pour Gilles, un associé loin d’être le jumeau d’Éric, interprété avec une assez grande finesse.

Quelques réserves

  • Ce Cadeau particulier présente quelques distorsions, sources d’invraisemblance :
    - le contraste entre d’un côté le personnage principal d’Éric, chef de PME absolument caricatural (tyrannique, misogyne, hâbleur, aussi rigide qu’obtus, n’évoluant que sur le registre de l’ironie) et, de l’autre, un entourage dont on comprend mal qu’il ait pu supporter un tel abruti, sauf à accréditer la vieille scie selon laquelle on apprécie (ou aime) quelqu’un pour ses défauts ;
    - la disproportion totale entre le satané (sinon satanique) cadeau et son destinataire, car il est des moyens d’avertir et de faire comprendre mieux “dosés“.

Encore un mot...

  • Si « chaque homme est pour son prochain un mystère et un secret », il s’agirait que tous les personnages de cette pièce se mettent au diapason de la formule de Charles Dickens...
  • Le cadeau particulier nous invite à réfléchir sur les enjeux de la republication d’écrits (peut-on parler “d’œuvres“ ?) pour partie causes des plus grands traumatismes du siècle dernier, un aspect simplement effleuré dans la pièce.

Une phrase

Gilles [parlant de son cadeau] : « Je pensais vraiment qu’il allait faire un malheur ! »

L'auteur

  • Didier Caron, né en 1963, travailla d’abord dans la banque avant de se consacrer au théâtre, comme comédien et dramaturge. Il s’engage dans la comédie avec Charité bien ordonnée (à l’affiche du Splendid), la sitcom Blague à part, puis le succès d’Un vrai bonheur (2005).
  • Il est l’auteur ou l’adaptateur (notamment de La route de Madison, de Kramer contre Kramer), d’une quinzaine de pièces depuis 1991, Un cadeau particulier étant sa plus récente production, lancée en 2020.

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