Une équipe formidable
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Thème
La nouvelle comédie d’Ivan Calbérac prend cette fois-ci pour cadre et thème le cinéma, puisqu’il est question d’un film dont la pénible gestation nous est montrée sous forme d’un long flash back depuis sa première, orchestrée en grande pompe et à grands renforts d’autocongratulations et de remerciements frelatés…
« L’équipe formidable » - l’hyperbole étant la norme dans le milieu et le vocabulaire cinématographiques - se compose ici d’une dir’prod’ assez raide, d’un metteur en scène (Max) en proie aux affres de la création (et du divorce), d’Alice di Rosa, une actrice capricieuse (car) récemment oscarisée, de sa maquilleuse Natacha, de JB, un premier assistant louvoyant au mieux de ses intérêts, et d’un cuistot calamiteux, Hubert ayant perdu le goût et l’odorat depuis le Covid…
L’argument et la distribution étant posés, cette comédie mérite-t-elle le même qualificatif de son titre ?
Points forts
Une fois la pièce lancée, le spectacle prend sa vitesse de croisière, les réparties gagnent en efficacité et en comique, les “twists“ de l’intrigue s’avèrent bienvenus, la gravité de certaines situations parvenant même à s’inviter sans paraître trop incongrue dans le cadre d’une comédie de divertissement.
- Au sein de cette Equipe formidable, des comédiennes tirent parti de la sensible amélioration du dispositif, des dialogues et des situations au fil de la pièce : on pense notamment à Maud Baecker, épatante dans le rôle d’une maquilleuse pas si « ravie de la crèche » qu’elle n’y paraît, et à Ludivine de Chastenet en dir’ prod’ assez “hommasse“, dont les réparties ravageuses dissimulent des fêlures intimes.
Quelques réserves
Le choix de la cantine comme lieu central d’une action orchestrée selon un ballet convenu d’apparitions/disparitions (vers le plateau ou vers les loges), n’appelle pas de remarque particulière, pas plus que la mise en scène, qui n’a rien de renversant ni de déshonorant.
En revanche, la comédie met trop de temps à se lancer, le premier tiers temps, loin d’être « formidable », propose un comique assez laborieux. Dès le début, quelques rendez-vous sont manqués, notamment lors d’une présentation assez plate de la “première“ du film (dont on découvrira ensuite les coulisses), qui ne tire pas suffisamment parti des tics de vocabulaire et d’attitude des différents protagonistes, toujours prompts, même pour la plus désolante “bousette“, à utiliser des superlatifs “auto-congratulatoires“.
Encore un mot...
- On doit louer l’effort méritoire pour aborder des questions assez graves dans une pièce où on ne les attendait pas forcément, car toutes les comédies ne se donnent même pas la peine de les évoquer, préférant les effets faciles et les situations stéréotypées.
Une phrase
Alice di Rosa : « Moi, j’veux cinq enfants : deux garçons, deux filles et un qui choisira… » [...] ”Moi, je joue tellement bien qu’à la fin d’une prise, j’ai envie de m’applaudir.”
Max : « Moi, sans bouffer, j’sais pas c’que j’ferais… »
- la dir’ prod’ : …. Tu ferais du 38 ! »
Hubert [exhibant le trophée] : « C’est ton César ?
- Alice [faussement désinvolte] : Oui… il traînait dans mon sac à mains… »- La dir’prod’ [manquant de recracher une spécialité culinaire désastreuse d’Hubert] : « J’dis pas qu’c’est pas bon… ni qu’c’est bon…. Je dis que le monde n’est pas prêt, nous non plus d’ailleurs…. »
L'auteur
On doit à Ivan Calberac, réalisateur, scénariste et écrivain né en 1970 un certain nombre de pièces à succès comme La Dégustation, L’étudiante et Monsieur Henri, Une famille modèle, ou encore Un amour de jeunesse.
- Il a également réalisé des films, d’Irène (2001) à N’avoue jamais (2024), en passant par Venise n’est pas en Italie (2019).
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