Vers les métamorphoses
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Thème
D’abord il y a comme une sainte (s)cène, à ceci près que les protagonistes sont sept et que, de la tête en carton de l’un d’eux - figurant une sorte d’oiseau à crête - surgit bientôt un homme quasi nu qui rencontre partout son double. Commence alors un voyage initiatique, noyé de clair-obscur.
La matérialité des choses résiste et cède car, de l’échelle branlante et impossible à stabiliser ou du mur, il est toujours possible de s’envoler. Comme la grotte brutalement béante, les portes avalent littéralement le foyer incandescent et les hommes en mouvement, tandis que des derviches ailés tournent et tournent encore.
On comprend donc que ce théâtre de marionnettes et d’ombres nous parle de gémellité, de renaissance, de métamorphose (l’homme devient une petite marionnette, un chien), d’équilibre et de mouvement, d’envol, et sans doute d’espoir.
Points forts
C’est visuellement plutôt réussi et poétique. On perçoit l’intensité d’une recherche organisée autour de la multiplicité des identités qui habitent un individu, de ses mystères et des signes les plus ténus qui disent sa manière d’être au monde.
On note la beauté de certains décors : ainsi ces cloisons sur lesquelles est projeté une sorte de papier peint parfois mouvant, dans lequel s’ouvre une porte qui absorbe les personnages, ou encore la grotte moirée, ainsi que le jeu savant des éclairages et des ombres.
Quelques réserves
Mais malgré la musique, la pénombre, les clairs obscurs, tout ceci manque de densité. Le spectacle est trop strictement esthétisant, trop léger et trop lent pour être véritablement hallucinatoire.
Les déambulations des grandes marionnettes plutôt aux longs membres, aux énormes mains blanches et aux yeux lumineux sont passablement opaques.
- Au total et, comme l’indique la note d’intention, « le spectateur finit par perdre pied » au risque de s’endormir. Et pourtant, il aimerait tellement aimer…
Encore un mot...
Dans la veine des spectacles de magie moderne, ce véritable livre d’images crée, à partir du réel, des moments des tableaux, des expériences dans lequel l’humain devient animal et réciproquement.
- Il s’agit de « détourner le réel dans le réel », à bonne distance des clichés et des strass de la magie traditionnelle. Ce détournement est le principe même de l’illusionnisme nouveau imaginé et mis en œuvre par Clément Debailleul et Raphaël Navarro depuis 1990, et qu’Etienne Saglio a rejoints.
L'auteur
Magicien, jongleur et metteur en scène, Étienne Saglio est une figure du cirque contemporain, une référence de la magie nouvelle. Son diplôme du CNAC, l’Envol a été médaillé en 2008 au festival du cirque de demain.
C’est avec Le Soir des Monstres créé en 2009 que sa compagnie Monstres se révèle. Ses spectacles ultérieurs, Les Limbes, mai 2018, Le Bruit des loups (novembre 2021) et Goupil et Kosmao (février 2014), ont été donnés au Rond-Point.
Toutes ces oeuvres invitent les spectateurs à entrer dans le merveilleux du conte, à voyager dans un monde à la fois fantastique et familier.
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