La Guerre de cent ans

Une époque pleine de bruits et de fureur. Un récit très vivant
De
Amable Sablon du Corail
Passés Composés
parution le 7 septembre 2022
374 pages
25 €
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Lointain souvenir de l’école, la Guerre de Cent Ans qui opposa l’Angleterre à la France de 1337 à 1452 est souvent réduite à quelques clichés : Jeanne d’Arc, les défaites françaises (Crécy, Poitiers, Azincourt), la sagesse de Charles V, la folie de Charles VI, les Armagnacs et les Bourguignons… Or l’histoire est bien plus compliquée ; ce n’est pas un moindre mérite d’Amable Sablon du Corail d’en relater le déroulement avec clarté et précision et même d’en tirer des leçons qui aident à comprendre certains aspects de la France contemporaine.

Points forts

C’est un récit passionnant que propose notre auteur, plein de bruit et de fureur, de rebondissements, dans un contexte qui n’a que peu de rapports avec l’époque actuelle. Le lecteur va de surprises en surprises : la taille des armées, quelques milliers d’hommes au plus, et leur coût monumental qui oblige les souverains à les solder au bout de quelques mois ; une guerre d’escarmouches et de sièges, les villes, prises et reprises, penchant d’un côté ou de l’autre en fonction du sort des armes ; le rôle essentiel des personnalités en cause : la folie de Charles VI compromet l’œuvre de redressement de son père Charles V et relance la guerre et c’est le génie retors de Charles VII qui finit par l’emporter sur Henri VI d’Angleterre… ; le ravage des campagnes qui subissent la loi des soldats sans cause et sans solde, les grandes compagnies ou les écorcheurs… jusqu’à l’établissement d’une armée permanente, innovation majeure pour l’époque.

L’auteur souligne également le rôle capital de la parole royale, de la communication, déjà, qui agit sur le moral des troupes et des villes. C’est en ce sens que l’épopée de Jeanne d’Arc a sauvé les Valois.

Enfin, notre auteur montre à quel point la ressource financière, l’impôt est au principe de la victoire. Au XIVe siècle, le roi ne lève point d’impôt permanent ; il doit convaincre ses sujets, via les assemblées, Etats généraux et autres, d’autoriser les levées nécessaires à l’effort de guerre.  Progressivement, pourtant, les rois mettent en place une fiscalité moderne, qu’ils décident seuls, ouvrant la voie à l’absolutisme monarchique.

Ces temps difficiles pour la France, marqués en outre par la fameuse peste noire qui a anéanti une grande partie de la population d’Europe occidentale, ont aussi été ceux d’une formidable évolution du pays et surtout de l'État, fondé sur la permanence d’une armée et d’une fiscalité qui perdurera au moins jusqu’à la Révolution. 

Tout ceci est vivant, très lisible, parfois pimenté de pointes d’humour.

Quelques réserves

Quand on trouve un livre passionnant, on n'émet pas de réserves !

Encore un mot...

Il faut lire Amable Sablon du Corail, parce que son livre est éblouissant, parce que la période est passionnante, parce qu’il la dépeint avec limpidité, et parce que son analyse offre bien des clés pour comprendre des phénomènes contemporains qui “plongent leurs racines dans les profondeurs du temps“.

Une phrase

P.273 « Pour se faire obéir des princes, comme de la masse des « capitaines de gens d’armes et de trait » qui vivaient sur les champs, le roi devait affirmer son monopole et matière de guerre et d’impôt. Charles VII consacra toute la fin de son règne à le restaurer, et ce fut là son legs le plus durable et le plus personnel à l’institution monarchique française. Il s’agissait en somme de remettre sur le métier l’ouvrage que Charles V n’avait pu tout à fait mener à bien et que la folie de son successeur avait défait. "

L'auteur

Diplômé de l’école des chartes, archiviste, M. Sablon du Corail est responsable du département du Moyen Age et de l’Ancien Régime aux Archives nationales où il est conservateur général du patrimoine. Il a publié quelques ouvrages sur la période postérieure à la guerre de cent ans, notamment un Louis XI et un 1515, Marignan.

Ci-dessous les liens pour retrouver d’autres chroniques sur la Guerre de Cent ans et Jeanne d’Arc :
- Le bon sens
- Le roman de Jeanne d'Arc

 

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir

Essais
Suite orphique
De
François Cheng, de l’Académie française postface de Daniel-Henri Pageaux