Un été avec Homère

Un bon bain de jouvence
De
Sylvain Tesson
Editions des Equateurs - 253 pages
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

France Inter a proposé à Sylvain Tesson d’enregistrer des chroniques sur Homère. Diffusées durant l’été 2017, ces huit émissions viennent d’être réunies dans un recueil.

Qui ne connait pas l’Iliade et l’Odyssée : Hélène, le cheval de Troie, Pénélope et sa tapisserie, le retour d’Ulysse à Ithaque … Alors quel plaisir de se replonger dans cette histoire qui, finalement, nous est infiniment proche.

Ces 27 000 vers écrits il y a 2 500 ans sont d’une telle plénitude que Sylvain Tesson se demande, avec humour, pourquoi on continue encore à inventer des fictions... On lui saura gré d’être passé outre !

Points forts

Homère était un génie littéraire. Le talent de Sylvain Tesson est de rendre accessibles ces textes mythiques en mettant en exergue tout ce qui fait écho avec notre vie et notre époque:

1/ Il se fait passeur avec les héros grecs, en faisant profondément éprouver et partager leurs sentiments : amour, haine, pouvoir, soumission, envie de rentrer chez soi, tentation, constance, curiosité, courage …

2/ Il livre une métaphore sur l’écologie : comme Achille a offensé les dieux, nous nous nous sommes attaqués à la terre. Notre arrogance technicienne ressemble à sa mortelle colère. Nous menons une guerre de Troie contre la nature. Nous sommes devenus des Achille, dressés les uns contre les autres, tous unis pour ravager notre monde.

3/ Il tire pour nous des leçons simples, de l’histoire :

-          la vie nous impose des devoirs,

-          il importe de ne pas transgresser la nature du monde,

-          il ne faut pas dévier de sa course ni renier les objectifs fixés, même pour réparer un forfait

-          ne jamais oublier l’individu que l’on est ni l’endroit où l’on va.

4/ Il exhume cette figure du héros homérique, oubliée au fin fond du passé : la représentation d’un homme idéal qui a beaucoup à nous apprendre, nous qui avons troqué les vertus antiques contre le confort et la prospérité prescrits par les héros de notre temps (exemple: Marc Zuckerberg ?). 

Chacun de nous peut faire usage de ce personnage du héros homérique. Selon que vous aimiez la tendresse, la tactique, la force brute, l’amour paternel ou les esprits virils, vous trouverez votre bonheur.

Quelques réserves

Sylvain Tesson l’écrit lui-même : « les textes sont la retranscription de mes émissions ; on ne s’adresse pas aux auditeurs comme aux lecteurs. Parler n’est pas écrire. (...) Après tout, parler d’Homère dans un micro est une histoire grecque : c’est une navigation sur les ondes. On pardonnera, j’espère, les embardées”.

On l’absoudra d’autant plus que Tesson est d’abord un écrivain et qu'il vit intensément son histoire.

Encore un mot...

L’Iliade et l’Odyssée sont la mère de toutes les histoires. Sylvain Tesson s’est approprié ce récit d’une grande modernité, qui lui a appris à vivre mieux. Lire Tesson, c’est retrouver la magie des Dieux et les aventures mythiques des héros de notre enfance.

Une phrase

“Quand Ulysse rentre à Ithaque, il rencontre son vieux porcher. C’est le seul qui a gardé intacts son honneur et sa fidélité. (...) Il accueille le mendiant sans reconnaître Ulysse. Il est le premier homme réel rencontré après les monstres et les magiciennes. Et, de surcroît, il se révèle bon. C’est peut-être cela être divin. S’accorder à soi-même dans la pleine lumière, descendre entièrement dans sa présence, s’harmoniser à sa vibration nue, se tenir là, modestement, dressé dans le rayonnement de l’existence. Est divin cet homme retrouvé tel qu’il était, vingt ans après avoir été quitté. Le porcher n’est pas devenu ce qu’il est, pour reprendre les mots de Nietzsche. Il a continué à être ce qu’il était déjà devenu : divin. Qui peut se targuer d’une telle épithète ?”

L'auteur

On ne sait pas si Homère a réellement existé ou s’il est le nom d’une communauté d’auteurs. 

Sylvain Tesson, lui, est bien réel et vit une existence hors du commun, exposée dans une trentaine de romans, nouvelles, essais ou recueils de photos qui le mettent en scène, comme « Carnets de steppes » ou « Lac Baïkal ». 

Géographe de formation et titulaire d’un DEA de géopolitique, il aime les voyages, les rencontres et l’alpinisme. 

Taillé pour l’aventure par une vie pleine de tourbillons, il fait le lien entre le mythe éternel et notre réalité. « Ouvrir l’Iliade et l’Odyssée, dit-il, revient à ouvrir un quotidien ».

Commentaires

viviane
sam 02/06/2018 - 14:32

Une admiration sans borne teintée de nostalgie. Lui il sait allier l'appétit des l'immensité de notre planète et l'écrire.
Il se sent si proche d'Ulysse que c'en est attendrissant.
Mais comme je le comprends

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