Abel

Un sympathique « Western » rocambolesque et poétique
De
Alessandro Baricco
Gallimard
Traduit de l’italien par Lise Caillat
Publication en mars 2025
159 pages
20,50 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Il est shérif et tire plus vite que son ombre. Non ce n’est pas Lucky Luke mais Abel ; toujours à la poursuite de sa bien-aimée prénommée Hallelujah (!), et il prend soin autant qu’il le peut de sa complexe fratrie, part au secours de sa mère à grand renfort de dynamite, alors qu’elle allait être pendue dans un bled lointain et discute avec une sorcière philosophe.

Ces 27 textes courts - qui peuvent se lire comme des nouvelles - recoupent les épisodes importants de la vie d‘un homme pas ordinaire : shérif aux doigts d’or pour tirer avec son colt, il est issu d’une famille pour le moins étrange et amoureux d’une femme encore plus énigmatique.

Points forts

Outre le côté très sympathique du héros auquel on s’identifie rapidement, et du côté rocambolesque de sa vie, la poésie à fleur de peau d’Alessandro Baricco nous entraîne dans ses tourbillons dans un far-West imaginaire et farfelu.

Quelques réserves

On ne retrouve cependant pas complètement l'envoûtement ressenti dans les précédents chef-d’œuvre de Baricco : Soie (Corps 16, 1997) et Sans sang (Albin Michel, 2003). On est plutôt dans la suite de sa pièce baroque Colt.

Encore un mot...

Certains passages - comme la rencontre avec la sorcière, les retrouvailles des frères et de la sœur, l’évocation des parents - sont d’une sensibilité et d’une poésie étonnantes.

Une phrase

« La sorcière était jeune, avec une longue cicatrice entre les seins. Les cheveux luisants, noués avec un ruban de peau humaine.
Le vieux juge s’assit devant elle et ils parlèrent. Dans une langue hybride que nous connaissions tous. Il lui demanda si un village pouvait disparaître dans le néant.
Le néant n’existe pas, répondit-elle.
Alors qu’est-ce qui existe ?
Une profonde respiration, cet instant.
Et quoi d’autre ?
La bruja sembla chercher soigneusement ses mots.
Les visions, dit-elle.
C’est-à-dire ?
Tu ne sais pas ce que sont les visions ?
Non, je ne crois pas. Je suis un homme de loi.
Alors elle expliqua qu’il était certes vieux, que son cœur avait dû traverser de nombreuses saisons, mais qu’il n’avait probablement presque pas vécu, du moins pas plus que le lit d’une rivière asséchée, ou qu’un oiseau migrateur n’ayant jamais atteint le Sud. Tu es mort en chemin, conclut-elle.
Le juge Macauley rit.
Possible, fit-il.
Pourquoi ? demanda la bruja.
Le juge haussa les épaules. Puis il sembla trouver une forme de réponse.
Je n’ai sans doute pas eu le choix, j’avais une mission à accomplir. » Page 44

L'auteur

Alessandro Baricco est un écrivain italien né en 1958. Après des études de philosophie et de musique, il a tout d’abord été journaliste et présentateur à la télévision italienne. A 33 ans il publie son premier roman Les châteaux de la colère (Albin-Michel, 1995) qui lui vaut le prix Médicis étranger en France.

Sur Culture-Tops : 

 

 

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir

Romans
Junil
De
Joan-Lluis LlUIS