Dejima

Japon mon amour. Le passionnant portrait impressionniste, par petites touches, de ce pays si singulier
De
Stéphane Audeguy
Le Seuil
Parution le 7 janvier 2022
288 pages
18,50 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Le Japon a longtemps vécu replié sur lui-même avec l’obstination que sa culture millénaire ne soit pas pervertie par les étrangers. Mais face à une première mondialisation, à l’époque des grands explorateurs partis à la conquête du vaste monde, les chances de résister à une invasion qui était d’abord commerciale, étaient bien minces.

Alors ils firent sortir de l’eau une île dans la baie de Nagasaki, où les étrangers pourraient débarquer sans se mêler aux Japonais et commercer avec eux. Ils l’appelèrent Dejima. C’est le premier propos du livre.

Nous suivons également Mabel, une américaine, dans ses différents voyages au Japon, la Française Alice qui y reprend le cours de sa vie et une jeune japonaise perdue qui deviendra une tueuse en série.

Le destin du Japon croise ces trajectoires de femme, les recoupe et leur donne tout leur sens.

Points forts

  • Dejima est un livre érudit qui raconte l’histoire du Japon dans son rapport à l’autre, au monde extérieur dont il essaye tout d’abord de se protéger, puis de le tenir à distance, enfin de tenter de l’abattre.
    En courts chapitres, Stéphane Audeguy nous livre un portrait impressionniste, par petites touches, de ce pays – aujourd’hui encore – si singulier.
  • Cette approche historique se double de plusieurs histoires romanesques : des destins de femme, dont certains ne sont que la métamorphose d’une même femme se réincarnant en différents personnages, à différentes époques, qui interfèrent, se superposent en un portrait kaléidoscopique.
  • Dejima est l’histoire d’une quête d’identité. Un pays qui cherche à combiner tradition et modernité et de femmes qui découvrent et poursuivent leur destin personnel pour sortir, elles aussi, de leur isolement.
  • On vit cette passionnante métamorphose tout au long de ce récit foisonnant en équilibre permanent entre l’analyse historique, économique et culturelle et les aventures humaines et romanesques.

Quelques réserves

Accrochez-vous. Le livre passe allégrement de l’histoire du Japon à travers différentes époques à la quête d’une femme qui se métamorphose plusieurs fois.

Encore un mot...

Dans son premier roman, La Théorie des nuages, paru en 2005 chez Gallimard, Stéphane Audeguy raconte l’histoire d’un Japonais, Akira Kumo, un grand couturier japonais, collectionneur de livres consacrés aux nuages. Il engage une jeune bibliothécaire et lui raconte des histoires de nuages et de chasseurs de nuages.

La connaissance des nuages permet de faire des prévisions, non seulement climatiques, mais aussi des conséquences économiques qui en découlent. Petit à petit ressurgit le traumatisme engendré dans sa jeunesse par l’explosion de la bombe nucléaire d’Hiroshima.

Le Japon, la tragédie de la bombe atomique, le destin de femmes confrontées à ces phénomènes, autant de thèmes qui animent à nouveau Dejima.

Une phrase

“ Si l’expression ouverture du Japon à l’Occident est courante chez les historiens occidentaux, elle ne traduit pas exactement la perception japonaise des choses. Certes une politique japonaise d’isolement délibéré, dite sakoku (fermeture du pays) a bel et bien existé entre 1641 et 1853. (…)

Il existe sur la façade littorale occidentale de l’île de Kyushu, dans la baie de Nagasaki, profonde et abritée par des montagnes, une matérialisation de ce rapport d’isolement et de dialogue : le lieu se nomme Dejima, c’est-à-dire île extérieure. Les étrangers admis ici sont tous des employés de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, qui a obtenu le monopole du commerce occidental avec le Japon. (…)

Ceux qui débarquent là leurs marchandises ne sont pas autorisés à fouler le sol nippon proprement dit, sauf exception : on organise parfois des excursions en ville, sous escorte. Inversement on permet le séjour à Dejima de différents commerçants, prostituées, visiteurs de marque japonais. Divers savants viennent également se renseigner sur les dernières avancées scientifiques et technologiques de l’Occident."

L'auteur

Stéphane Audeguy est né en 1964 à Tours. Il enseigne l’histoire du cinéma et des arts. Il a publié son premier roman en 2005, La Théorie des nuages (Gallimard), qui a été traduit en plus de vingt langues et a remporté de nombreux prix littéraires. Vinrent ensuite toujours chez Gallimard Fils unique (2008), Nous autres ( 2009) et Rom@ (2011) puis, édités au Seuil, Histoire du lion Personne (2016) qui connut un beau succès commercial et obtint lui aussi de nombreux prix, Une mère ( 2017) et Histoire d’amour (2020).

Ses romans font la part belle aux sciences humaines mais se fondent toujours dans une narration, le plus souvent poétique, qui réconcilie littérature et technique.

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