Le Choix

Naître fille en Sicile dans les années 1960, malchance ? Une héroïne sensible, un hymne à la femme
De
Viola Ardone
Albin Michel
Parution en Août 2022
385 Pages
22,90 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Dans les années 1960, nous sommes à Martorana, un petit village en Sicile. Une famille, les Denaro, vit modestement : potager, escargots ramassés et grenouilles pêchées puis vendues, couture. La grande sœur Fortunata est mariée par « réparation » et malheureuse !

Oliva, 15 ans, vit une enfance heureuse entre son frère jumeau Cosimino, ses amies  dont Liliana qui lui donne en cachette des magazines pour rêver. Elle court dans les ruelles, insouciante, aide son père mais elle apprend aussi le latin, aime les mots compliqués du dictionnaire et admire sa maîtresse, Madame Rosaria. Sa mère l’élève selon des principes de droiture et de bonne conduite entre couture et rosaire.

Oliva grandit et dès qu’elle devient “une jeune fille”, elle est étroitement surveillée par sa mère. Un “petit caïd” du village lui tourne autour, sûr de lui. Tout le monde épie, cancane et c’est l’engrenage.

Oliva refuse les avances du jeune homme qui la fait kidnapper, puis la viole.

 « Une fille c’est comme une carafe ; qui la casse la ramasse dit toujours ma mère ».

Malgré le village prompt à jeter l’opprobre sur elle, et sur sa famille, Oliva dira NON à ce « mariage réparateur », seule issue pour une « fille déshonorée». Elle va même porter plainte et le dénoncer en justice.

Points forts

  • L’auteure sait nous faire partager la force d’Oliva osant demander réparation et se heurtant à une justice archaïque qui ne lui donnera pas raison. Le violeur n’est pas reconnu ! Les parents respectent le choix de leur fille, même si rien ne sera plus comme avant, et la laissent faire des études et lui permettent ainsi de se reconstruire.
  • Très belle étude du père, taiseux certes mais qui observe, guide sa fille tout en délicatesse, douceur et profondeur. Il prend parti pour Viola contrairement aux traditions de l’époque.

Quelques réserves

 Je n’en ai pas. Il est bien de se replonger dans cette époque qui nous paraît lointaine. Et pourtant rien n’est acquis dans ce combat des femmes.

Encore un mot...

 Le récit, construit sur 4 époques, nous permet de suivre les personnages dans un contexte bien lent à évoluer.

Oliva refusera toujours d’accepter les conditions de vie des femmes autour d’elle ; elle deviendra maîtresse d’école, comme celle qui lui avait donné le goût des mots.  Elle est le symbole d’un « Choix » décidé envers et contre tous les ragots, la méchanceté et la bêtise.

Une fiction dans l’Histoire, un roman saisissant sur une époque et une culture pétries de traditions ancestrales. Un livre passionnant que je recommande vivement.

Une phrase

« … La veuve Grasso a raison dit-elle. Mais c’est aussi la faute des femmes. Ce sont elles qui transmettent à leurs filles ce qu'on leur a appris, à elles. Si les mères expliquaient le respect de la femme et la parité à leurs garçons, si elles permettaient à leurs filles de vivre librement, sans restrictions, si elles laissaient suivre des études et se préparer à avoir un travail… La mentalité, c’est la faute de qui ? Seulement de l’homme, ou de la femme aussi ? Moi, je pense que le changement doit venir des femmes.» p.164

L'auteur

Viola Ardone est née en 1974 à Naples. Elle est diplômée de Lettres. Son livre Le Train des enfants l’a imposée comme une grande romancière  avec plusieurs prix en France. Il a fait partie des 10 premiers romans les plus vendus en France en 2022.

 

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