Tant mieux
Parution en 2025
Texte lu par Françoise Gillard
Durée 3 h 10
20,90 Euros ; 18,95 Euros en téléchargement
(Edition brochée, première parution en 2025 chez Albin Michel 216 pages)
Infos & réservation
Thème
Dans Tant mieux, Amélie Nothomb explore pour la première fois la figure de sa mère, qu’elle raconte sous le nom d’Adrienne. L’histoire, située en 1942, suit l’enfance d’une fillette confiée à une grand-mère autoritaire, où elle endure des épreuves que seul le mantra « tant mieux » l’aide à supporter. Ce qui commence comme un conte cruel glisse peu à peu vers le témoignage intime, jusqu’à ce que l'auteure révèle que la protagoniste n’est autre que sa mère, disparue en 2024.
Points forts
- Un style : comme les précédents, ce volume est remarquablement bien écrit, la forme alliant la rigueur du classicisme à la fluidité moderne.
- L’ironie : dans cet ouvrage, Amélie Nothomb excelle dans le décalage entre son ton sérieux et la narration de situations pour le moins incongrues.
- Le début : à quatre ans, Adrienne est confiée le temps d’un été à son aïeule inflexible, à Gand - une figure glaciale, d’une sévérité implacable, presque ogresque. J’ai trouvé les premières pages particulièrement saisissantes, notamment la rencontre tendue entre une fillette à l’intelligence précoce et une ancêtre autoritaire qui évoque les grands personnages de marâtres littéraires, à commencer par la redoutable Folcoche.
Quelques réserves
- Des accélérations temporelles déconcertantes : le rythme de la narration s’accélère parfois à en perdre le souffle : les sœurs grandissent à toute allure, les années défilent. Fort heureusement, Nothomb balise chaque étape, évitant ainsi que l’auditeur ne se perde. Reste une question : pourquoi cette urgence narrative ?
- Un incroyable défi : l’écrivaine semble avoir tenté un pari audacieux : faire cohabiter, dans un même récit, la biographie et le conte. L’un cherche la fidélité au réel, l’autre s’en libère pour mieux flirter avec le merveilleux. Deux élans presque contraires, réunis ici dans une même voix. Je salue ici le courage belge mais ressort dubitatif de ma lecture.
Encore un mot...
Le début du roman m’a séduit, le milieu m’a laissé plus circonspect, mais la fin m’a bouleversé. Amélie Nothomb brise les codes du récit, entre elle-même en scène, devenant à la fois narratrice et lectrice de son propre texte. Derrière ses détours intellectuels affleure une émotion nue, universelle : celle des enfants devenus grands, confrontés à la perte de ceux qui les ont faits.
Une phrase
"Salle gosse ! cria bonne maman. Encore heureux que tu as rendu dans l’assiette, ça sera plus facile à remanger.
- On ne remange pas du vomi, déclara Adrienne très au courant des usages.”
L'auteur
Amélie Nothomb publie une œuvre chaque rentrée. Connue pour ses récits incisifs mêlant autofiction, absurde et élégance crue, elle est devenue une figure majeure de la littérature francophone contemporaine. Couronnée par de multiples récompenses, elle cultive une fidélité rare avec son lectorat.
La lectrice :
Sociétaire de la Comédie-Française, Françoise Gillard poursuit essentiellement une carrière au théâtre. Outre sa carrière théâtrale, elle a tourné pour le cinéma (Alain Resnais) et la télévision, et a prêté sa voix à plusieurs romans de Nothomb (Psychopompe, Premier sang...). Elle passe d’une intonation à l’autre avec une virtuosité déconcertante, incarnant tour à tour la rugosité de la grand-mère et la spontanéité de l’enfançon.
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