Tout comme moi

Une belle histoire d’amour moderne et réjouissante sur fond de Brexit
Stock
Parution : mai 2022
Traduit de l’anglais par Christine Barbaste
430 pages
22,90 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

  • Lucy est une mère de famille de 42 ans séparée de Paul, son mari, qui a sombré dans l’alcool et la cocaïne. Elle élève seul ses deux fils, Dylan et Al (on soupçonne l’auteur grand fan de musique avoir été tenté de les appeler Bob et Dylan).
  • Elle rencontre Joseph, un jeune homme noir de 22 ans qui est serveur chez son boucher le samedi (il a un autre petit boulot pour chacun des autres jours de la semaine). Elle lui propose de venir faire le baby-sitter.
  • Comme vous l’imaginez, la baby-sitter, après avoir couché les enfants, en fait de même avec leur maman. Les deux tourtereaux tombent amoureux et vont vivre une belle histoire. Mais dans l’Angleterre post Brexit, rien n’est jamais simple.

Points forts

  • Comment perçoit-on une histoire d’amour ? Est-ce foncièrement différent si vous êtes une femme blanche aisée culturellement évoluée (elle est professeur d’anglais) de 42 ans et si vous êtes un jeune homme noir de 22 ans, issu d’un milieu populaire, qui multiplie les petits boulots et vit toujours chez sa mère ?
    De toute évidence oui, et ce sont là des obstacles conséquents qui se dressent sur la route d’un amour sincère, joyeux, jouissif et qui plus est, partagé.
  • Au pays de Shakespeare, cette fable serait à ranger dans la première partie de l’œuvre du grand dramaturge, les comédies : drôles, enlevées, romantiques, qui peuvent mêler des arrières plans politiques.
  • Lucy et Joseph se questionnent sur la force des leurs sentiments, ils s’interrogent sur la manière dont leur histoire sera perçue, dans leurs familles et leurs entourages. Ils hésitent à vivre leur amour au grand jour, à se confronter aux regards des autres. Comment vivre ensemble, malgré leurs perceptions différentes du monde et de la réalité, en dépit de leurs différences, à l’heure où le pays se fracture durablement avec la campagne du Brexit ?
  • On retrouve toute la verve de l’auteur de Carton Jaune et Haute Fidélité, ce style à la fois simple et enlevé et ce ton faussement naïf pour dire, l’air de rien, des choses graves.
  • Les dialogues sont savoureux. L’humour, so British, est toujours présent, pour désamorcer les situations complexes : différences d’âge, de couleur de peau, de classe sociale … Tous les personnages nous sont sympathiques, malgré leurs faiblesses car peints avec une grande humanité et une profonde tendresse.

Quelques réserves

Difficile d’en trouver tant le livre se croque à pleines dents.

Encore un mot...

  • Tout comme moi est, l’air de rien, un grand livre politique. Il met en scène, sans vraiment qu’ils s’affrontent, deux camps : les pour et les contre Brexit ! Car dans cette farouche opposition, on voit deux Royaume-Uni qui s’opposent.
  • Un qui vote pour le Brexit : c’est celui des classes défavorisées, épuisées,  qui peinent à boucler leurs fins de mois, qui pensent qu’en expulsant les étrangers, il y a aura plus de travail pour eux et de meilleurs salaires. Une vision micro-économique de la société.
  • Un autre qui vote contre : culturellement, socialement et économiquement plus évolué, il souhaite envoyer ses enfants poursuivre leurs études en Europe et ne croit pas un seul mot des arguments avancés par les leaders du non. Une vision macroéconomique de la société.
  • Sans les opposer frontalement, et c’est là l’un des mérites de Tout comme moi, l’auteur met en scène les deux camps et déploie leurs arguments tels quels, avec une impartialité respectueuse.
  • Si à la fin le Brexit triomphe, le grand vainqueur du livre est l’amour, libre, consenti, sincère, ultime pirouette pour clore cette belle aventure humaine en ces temps troublés. La classe sociale ne saurait être un frein à l’amour.

Une phrase

« Dans le bus qui les conduisait à l’église avec leurs garçons, Lucy ne put s’empêcher de penser qu’assister à ce mariage était une sorte d’accomplissement. Pour commencer, plus de deux ans étaient passés depuis que Joseph avait couché avec Jaz et, à sa connaissance, il n’y avait pas eu d’autres écarts de conduite. Joseph et elle vivaient ensemble, célébrant ensemble les fêtes familiales, ne parlaient jamais de l’année à venir, uniquement de la semaine à venir et des prochaines vacances d’été, si l’été n’était pas trop loin. Elle ne faisait peser aucun poids sur lui, mais peut-être les gens n’étaient-ils pas faits pour porter du poids, et par conséquent chaque jour leur procurait les plaisirs de la camaraderie et de la coparentalité, et chaque semaine, les plaisirs du sexe, parfois à plusieurs reprises ». (page 424)

L'auteur

Avec Julian Barnes et Ian McEwan, Nick Hornby fait partie de ces auteurs anglais à succès qui nous sont familiers. A la fois romancier mais aussi essayiste, journaliste, parolier et scénariste, il prend régulièrement le pouls de la société anglaise sur ses sujets de prédilection : le football, la musique, le couple, la parentalité …

Tout comme moi est son dixième roman.

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