UN (AUTRE) TOI

Réédition d’une quinzaine de nouvelles sinistres…Déprimés, s’abstenir ! Mais n’oublions pas les autres œuvres - éblouissantes - de J.C.Oates !
De
Joyce Carol Oates
Philippe Rey
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Auché
Parution le 6 octobre 2022
342 pages
22 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Une quinzaine de nouvelles inégales portant sur de minuscules tranches de la vie quotidienne, évoquant la déception et le ressentiment, le vieillissement, la mort et la dégénérescence engendrée par le passage du temps. Comme d’habitude, J.C Oates met beaucoup d’elle-même dans la plupart de ses personnages et parsème ses textes de références autobiographiques touchant à la mort de son mari ou à sa carrière universitaire, sans oublier d’aborder régulièrement les grandes angoisses de notre temps que sont l’écologie, la pollution et le réchauffement climatique qui lui tiennent particulièrement à cœur.

Points forts

  • De courtes fictions très contemporaines dont certaines s’apparentent à des variations sur un thème commun puisque plusieurs récits se répondent (Les amies, En attendant Kizer, Dernière interview) Ils ont pour cadre central un restaurant végan, le « Purple Onion » où s’est (peut-être) déroulé un attentat kamikaze et proposent trois interprétations de la même supposition sans pour autant éclairer le lecteur. 
    Quant à la première nouvelle qui donne son titre au volume, il faut la rapprocher de la dernière Les impondérables, puisqu’elles présentent deux facettes d’une même femme, dont les destins bien différents n’ont tenu qu’à la réussite d’un examen universitaire
  • L’humour et l’autodérision d’une veuve qui vieillit sans enfants alors qu’elle a superbement réussi une carrière littéraire qui aurait mérité le Nobel.
  • La minutie des descriptions servie par les multiples répétitions, parenthèses et italiques qui sont la marque du style de J.C. Oates dont l’esprit reste vif et la mémoire intacte. A noter que la plupart des narrations sont à la seconde personne du singulier ce qui augmente le côté intimiste du récit. 

Quelques réserves

On peut penser que les éditeurs de J.C. Oates ont exploité le nom d’un grand écrivain pour optimiser des nouvelles déjà parues et il faut reconnaître que le choix n’est pas toujours judicieux. 

 Si certaines histoires relèvent du très grand J.C.Oates (dont Deuil nocturne qui m’amène à renoncer à la mention « à la rigueur » d’abord envisagée)  quelques nouvelles, pratiquement incompréhensibles, auraient gagné à ne pas être rééditées.

Apparences trompeuses, peurs irraisonnées, occasions manquées, solitude et incommunicabilité, nostalgie sans remède, regrets, vieillissement (fauteuils roulants, déambulateurs, cannes, cancer et Alzheimer) le syndrome du survivant est un peu trop présent dans ce recueil …. Déprimés, s’abstenir !            

Encore un mot...

J.C.Oates a écrit suffisamment d’œuvres éblouissantes pour que l’on ne perde pas son temps avec ce sombre  recueil  sans grand intérêt qui aurait dû s’appeler « sinistrose »

Une phrase

P.  323 Les impondérables 
(L’auteur doit répondre à son auditoire après avoir donné une conférence dans sa ville natale et ça sent le vécu :)
- « On te demande où tu trouves tes idées et quel âge tu avais quand tu as publié ta première nouvelle. Si tu prépares un plan de roman à l’avance ou si « tu commences juste à écrire ». On te demande si tu tapes directement sur ordinateur ou si tu écris à la main. On te demande si tu retravailles tes textes. On te demande si tu sais que tu as fini de les retravailler. Quel conseil tu aurais pour les écrivains débutants. Quel conseil tu donnerais sur le recours à un agent. Quel a été le meilleur conseil qu’on t’ait donné. Si tu souffres parfois du « syndrome de la page blanche ». Quel est ton remède au « syndrome de la page blanche ». Si tu as des enfants. Si tu regrettes de ne pas avoir d’enfants. 

L'auteur

JC Oates a figuré deux fois parmi les finalistes du prix Nobel de littérature.

A 84 ans, elle a publié plus de soixante-dix titres, romans, essais, nouvelles, théâtre et poésie, sans compter les romans policiers écrits sous pseudonyme. Parmi ses œuvres les plus anciennes, citons Eux (Stock, 1971), Reflets en eau trouble (Ecriture, 1993), Blonde (Stocke, 2000), Les chutes (Philippe Rey, 2005). 

Ci-dessous les liens pour retrouver quelques-unes des chroniques concernant des livres de JC Oates :
- Démembrer
- Carthage
- Blonde
- Ma vie de cafard
- Paysage perdu
- Cardiff près de la mer
- Poursuite
- Le petit paradis

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