Un jeune homme simple

Une peinture au vitriol des mœurs d’aujourd’hui. Un roman qui bouscule !
De
Dominique Fernandez
Grasset
Parution en février 2024
336 pages
23 €
Notre recommandation
3/5

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Thème

Arthur, « un jeune homme simple », arrive de son Auvergne natale à Paris, pétri de principes moraux rigides inculqués par son père instituteur. Il est cependant décidé à se débarrasser de sa gaucherie villageoise avant de s’établir dans la vie.

Le jeune provincial est alors confronté à  nombre de situations qui le heurtent. Stanislas, son colocataire ne cache pas son homosexualité prédatrice et le trouve à son goût. La rencontre de jeunes filles boulimiques, féministes ou «  wokistes » déçoit sa recherche de l’idéal féminin.

Stan va-t-il pervertir son colocataire ?  La candeur d’Arthur va-t-elle s’abîmer ? Le lecteur n’est pas au bout de ses surprises…

Points forts

A travers Arthur, Dominique Fernandez reprend le procédé du regard naïf, maintes fois éprouvé par tous les « candides » du XVIIIème siècle, efficace pour s’étonner et proposer une critique des mœurs. En ce sens, l'auteur remplit le contrat « Plaire et Instruire ».

Le roman, comme l’indique son titre, s’apparente au roman d’apprentissage mais contrairement à Rastignac, Arthur ne perd pas son âme à Paris. En revanche ceux qui ont perdu le panache de la marginalité, ce sont peut- être les homosexuels à l’heure du mariage gay. Le roman questionne le sujet comme Dominique Fernandez l’a déjà fait dans L’étoile rose ( Grasset,1978) et L’homme de trop (Grasset, 2021).

Le plaisir de la lecture vient aussi de la saveur du style, incisif, manié comme un scalpel pour souligner les aberrations et les contradictions du monde contemporain. Autre qualité de l’auteur : son immense culture transmise au personnage de Stanislas, professeur de Lettres classiques au lycée Louis le Grand, jeune homme intelligent, révolté, et …très drôle !

Quelques réserves

Le discours de Stanislas sur le conformisme actuel de l’homosexualité, son enlisement dans le confort bourgeois est très souvent répété et asséné. La représentation finale du « mystère médiéval en quatre tableaux » peut sembler un peu caricatural, mais sans doute l’auteur est-il tellement convaincu de son propos qu’il a transmis sa colère indignée à son personnage.

Encore un mot...

Le roman, situé dans un passé tout récent, fait réfléchir sur les mœurs contemporaines. On y retrouve « les embarras de Paris » attribués aux visées écologistes de son maire, l’incivilité, les erreurs de jugements anachroniques qui amènent à censurer bon nombre d’écrivains de notre patrimoine culturel, la versatilité de l’opinion.

Une phrase

  • « Plus un spectacle est cher à Paris, plus la salle se remplit facilement. Ce qui est bon marché est forcément, dans l’opinion du public, de qualité inférieure. » (p 43)

  • « Être gay aujourd’hui, c’est camper sur les positions de la génération précédente. Être gay, c’est être devenu ringard. Il n’y a plus aucune originalité à être ce qu’il est permis à tous d’être, dans l’indifférence totale de l’opinion…Être gay, c’est avoir le beurre et l’argent du beurre. » (p 171)

  • « Être plus intelligent, plus cultivé…écrire mieux, c’est faire injure à la masse, bafouer la démocratie, violer le principe de l’égalité… » (propos d’un éditeur, p 194)

L'auteur

Dominique Fernandez siège à l’Académie Française depuis 2007. Grand amoureux de l’Italie et agrégé d’italien, spécialiste du baroque, il  a écrit plus d’une trentaine de récits de voyages et une centaine d’ouvrages toujours appréciés par la critique. Il reçoit en 1975 le prix Médicis pour Porporino ou  les mystères de Naples et le Goncourt en 1982 avec Dans la main de l’ange. En 2009 il obtient le grand prix Giono pour Ramon, un livre enquête sur son père qui, de socialiste, est devenu collaborationniste pendant l’occupation.

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