Dissident, il va sans dire

Passionnant spectacle, cela va mieux en le disant …
De
Michel Vinaver
Son, vidéo, scénographie : Hugo Givort
Durée : 0h50

Mise en scène
Hugo Givort
Avec
Judith d’Aleazzo et Pablo Cherrey-Iturralde
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Artistic Théâtre
45 rue Richard Lenoir
75001
Paris
01 43 56 38 32
Du 17 avril au 31 mai, les mardi, jeudi et vendredi à 19h, le mercredi à 20h, les samedi et dimanche à 15h

Thème

  • Une femme et un homme, la mère et l’enfant, Hélène et Philippe, seuls protagonistes de ce spectacle.
  • Ils échangent sur leurs vies personnelles mais aussi sur leur vie commune, puisque le mari / père est parti.
  • Ils se parlent et se touchent comme des amants, preuve de leur attachement réciproque. Elle travaille et lui est au chômage, sans être pressé de trouver un emploi, mais au-delà du décalage de génération et de leurs aspirations respectives, un lien puissant les unit.
  • Il est une sorte d’archétype de « l’enfant » et elle du « parent ». Le dissident, c’est donc lui, forcément en opposition avec le discours de la mère.
  • En douze courtes séquences (la pièce ne dure que 50 minutes), ils vont cartographier le rapport entre une mère et son fils. Ce qui se dit, ce qui ne se dit pas, ce qu’on peut comprendre.

Points forts

  • Ces deux êtres isolés dans le monde clos de leur appartement commun ne communiquent que par des phrases minimalistes. Mais petit à petit, leur apparente banalité nous ouvre les richesses de leur monde intérieur.
  • Le texte de Michel Vinaver est puissant, précis, clinique … Il part du réel d’une situation pour en faire une étude intimiste sur le quotidien de ces deux êtres qu’il observe comme un collectionneur. Chaque parole prend alors des sens multiples qui ouvrent vers de possibles interprétations.
  • Comme un peintre, Vinaver compose son tableau à partir de ce matériau brut qu’il assemble en enchaînant les répliques pour en faire surgir lentement le sens en restituant sa dimension théâtrale.
  • Se crée une réelle proximité, une complicité entre acteurs et spectateurs, la mise en scène (sa première) inspirée d’Hugo Givort est « une invitation à une démarche active pour s’imprégner et interpréter les signe de ce théâtre singulier » comme l’explique le metteur en scène.

Quelques réserves

La pièce dure 50 minutes ! Le récit est tendu et devient de plus en plus captivant au fil des minutes. Et lorsqu’il s’arrête, brusquement, on est comme désemparé par un manque brutal ...

Encore un mot...

Michel Vinaver : « Le théâtre ancré dans le quotidien, c’est avant tout une capacité à trouver le plus extrême intérêt à ce qui est le moins intéressant, de porter le quelconque, le tout-venant, au sommet de n’importe quoi. N’est-elle pas quelque part de ce côté-là, avec des contours à peine encore dessinés, la forme de subversion adaptée aux formes d’oppression d’aujourd’hui. »

Une phrase

Hélène : “Ca me fait mal de te voir affalé parmi les disques tu sais ne pas avoir un sens dans la vie.
Philippe : Je veux combattre pour la veuve et l’orpheline je veux caresser tes cheveux non laisse-toi faire.
Hélène : Sérieusement Philippe, on peut manquer de tout, mais si on s’est fixé un but…
Philippe : J’ai un but mais il est inaccessible
Hélène : Je voudrais
Philippe : Comme ça je suis sûr de toujours l’avoir.
Hélène : Et de n‘arriver à rien ?
Philippe : Moi je voudrais deux choses que tu ne sois plus seule, maman.
Hélène : Avec toi je ne suis pas seule.

L'auteur

  • Michel Vinaver est auteur dramatique, romancier, critique, avec un parcours singulier qui ne coule dans aucun moule. Il connaît le succès dès sa première pièce, Les Coréens, en 1955, puis mène ensuite une carrière d’homme d’affaires, à la tête de filiales de la multinationale Gilette.
  • Vinaver reprend la plume à partir de 1967 en continuant, à travers l’étude des différents langages, d’aborder les relations ou les pannes de relation entre les individus et leur société. Il meurt le 1er mai 2022.
  • Il est l’auteur d’un théâtre exigeant révélant dans leur complexité des particules d’un réel en continuelle métamorphose, installant chez le spectateur des fissures, des doutes, de manière à ce que toujours il soit « décalé par rapport à toutes les certitudes qu’il avait auparavant ». Cela vaut à son oeuvre de rentrer au répertoire de la Comédie-Française.

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