Hélène après la chute

Un dialogue fort et apaisant pour deux êtres que la guerre avait séparés
De
Simon Abkarian
Durée : 1h30
Mise en scène
Simon Abkarian
Avec
Aurore Frémont (Hélène), Brontis Jodorowski (Ménélas), Macha Gharibian (Piano, Voix), Bettina Kee (Voix)
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Athénée Louis Jouvet
2-4 square de l’Opéra Louis-Jouvet
75009
Paris
01 53 05 19 19
17 représentations du 7 au 25 novembre. Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h
Tournée : 30 novembre au théâtre de Gascogne, 15 décembre au théâtre de Suresnes, du au 22 décembre à la Criée à Marseille

Thème

  • Dix ans après son enlèvement par le prince troyen Pâris, qui déclencha la guerre de Troie, Hélène retrouve Ménélas, son mari et roi de Sparte, dans la chambre princière qu’elle partageait avec Pâris.
  • Troie est tombée mais qu’en est-il des deux personnages et de leur histoire d’amour ? Leurs retrouvailles tant redoutées déboucheront-t-elles sur une autre guerre, plus intime, ou sur une réconciliation ? Leur amour peut-il continuer à exister malgré l’éloignement, les reproches et la séparation ?

Points forts

  • Ménélas convoque Hélène et attend en vainqueur dans le faste de cette chambre à coucher, toute d’or moiré. L’endroit, avec ses tentures, son mobilier, ses objets magnifiques, jusqu’à la tenue d’Hélène, provocante et somptueuse, respire le luxe. La scénographie souligne parfaitement la démesure de la relation entre les deux époux, dans une ostentation matinée de débauche.
  • Hélène arrive enfin et la lutte s’engage. Loin des batailles où la fureur le dispute aux arguments des protagonistes, Ménélas et Hélène vont toujours dialoguer comme deux guerriers qui retiennent leurs coups, comme s’ils voulaient s’en prendre l’un à l’autre, mais aussi se faire comprendre et écouter. Simon Abkarian a mis à la fois dans son texte et sa mise en scène la possibilité d’une réconciliation, d’une écoute partagée et d’une confiance retrouvée.
  • La joute verbale, au lieu des éloigner, les rapproche, même s’il faut en passer par des exigences douloureuses, dire mais aussi d’entendre des paroles cruelles, mais qui ne sont jamais prononcées pour blesser. Le texte est sans arrêt en équilibre entre souffrance et sobriété. Il permet que se développent toutes les strates d’un discours amoureux, entre pudeur et démonstration.
  • Aurore Frémont et Brontis Jodorowski règlent parfaitement la mire. Sans colères tapageuses ni accents exagérément dramatiques, ils expriment leur douleur et leurs espoirs sans jamais les surjouer. Et les notes apaisantes et la voix de Macha Gharibian, qui les accompagne, adoucit bien les mœurs.
  • La musique, présente dans les spectacles d’Abkarian, est toujours un gage d’échanges et de partage et d’émotion.

Quelques réserves

Aucune.

Encore un mot...

  • Hélène après la chute peut être considéré comme la suite de Ménélas Rébétiko Rapsodie, qu’il a créé en 2012. Ce sont en effet les retrouvailles d’Hélène et de Ménélas, dix ans après sa fuite avec Pâris.
  • Simon Abkarian creuse ainsi un peu plus la veine de la tragédie grecque, également présente dans Electre des bas-fonds, créée au Théâtre du Soleil en 2019, et repris l’année dernière.

Une phrase

Ménélas
« Tu es partie sans te retournée et moi j’ai souffert sans désir de guérison.
Sur la plage, les traces de votre fuite étaient encore humides.
Tes pas sur le sable, ceux du Troyen aussi.
Vous avez embarqué en dansant, enlacés l’un dans l’autre.
L’eau n’efface rien, tout est gravé dans mes yeux.
Ce matin-là, debout sur la jetée, j’ai cessé d’être Ménélas.
Ce matin-là, le roi de Sparte est tombé à genoux, dans le creux d’une vague qui s’échouait sans fin.

Hélène
« Lorsque près de moi, blottie en moi-même, j’attendais en vain
Où se cachait-elle la parole, sous quelle langue l’avais-tu fourrée ?
Où étaient-ils ces mots d’amour qui me donnaient des ailes ?
C’est vivant que l’homme se doit de célébrer l’autre, non pas le noyer sur son lit de mort
Une fois couronné, tu as cessé d’être ce beau jeune homme pétri de joie et d’étonnement
Pourquoi ? »

L'auteur

  • Simon Abkarian est né à Paris mais dès l’âge de 9 ans, il part pour Beyrouth, puis New-York (où il se forme  dans l’institution « Arménie Europe Centrale Antranik ») puis Los Angeles (pour un stage de masques de la Commedia dell’arte) avant d’intégrer le Théâtre du Soleil, où il mène pendant huit ans ces fresques orchestrées par Ariane Mnouchkine. Suivront moult projets de théâtre, dans un esprit de recherche, de création et d’échange.
  • Mais Simon Abkarian, c’est aussi une immense carrière d’acteur avec les plus grands réalisateurs : Cédric Klapisch, Jonathan Demme, Robert Guédiguian, Jean-Michel Ribes, Tony Gatlif, Alexis Michalik …
  • Il a reçu le Prix du Théâtre de la SACD en 2021. La même année, il était nommé Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche

Théâtre
La peur
De
D’après la nouvelle de Stefan Zweig (librement adaptée)