L’avare

Généreux, enthousiaste et joyeux
De
Molière
Compagnie La Cité Théâtre
Durée : 2h10
Mise en scène
Olivier Lopez
Avec
Olivier Broche, Gabriel Gillotte, Margaux Vesque, Romain Guilbert, Noa Landon, Olivier Lopez, Annie Pican, Stéphane Fauvel, Marine Huet, Simon Ottavi
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

L’Epée de Bois – La Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012
Paris
01 48 08 39 74
Du 26 octobre au 12 novembre, du jeudi au samedi à 21h, le dimanche à 16h30
En tournée de novembre à mai dans toute la France

Thème

  • On connait tous le personnage d’Harpagon, passé dans le langage courant comme synonyme “d’avaricieux“. Il impose à toute sa maison une austérité qui touche au cauchemar et plonge chacun dans un profond désarroi.
  • Lorsqu’il décide de se marier à la belle et jeune Marianne – convoitée par son fils Cléante – et de donner sa fille en mariage à Anselme – car il ne réclame pas de dot – les plaques tectoniques vont brusquement bouger, jusqu’à mettre en péril sa fameuse « cassette ».

Points forts

  • L’avare est une comédie de caractère, une fable sociale qui traite sur un mode burlesque l’avarice mais aussi la tyrannie domestique, l’égoïsme et ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui le sexisme.
  • Mais derrière cette satire destinée à faire rire, se cache une profonde angoisse de l’avenir et de la mort qui guette Harpagon. L’argent est une manière désespérée de les conjurer. Et même si tous ses plans vont être déjoués par une jeunesse triomphante, il finira quand même par retrouver son argent.
  • La mise en scène d’Olivier Lopez met magnifiquement ses comédiens dans un “état de jouer“ jubilatoire, produisant chez le spectateur un plaisir jouissif. Sur une scène presque vide – dépouillée, comme Harpagon ? – mais animée d’un rideau tournant (jolie trouvaille) qui en définit les contours fluctuants, une grande table familiale et quelques chaises occupent l’immense scène de L’Epée de Bois.
  • Les neuf acteurs et actrices s’emparent goulûment de cet espace qu’ils s’approprient. Ça bouge, ça cavalcade, imprimant à la pièce une tonalité exubérante et physique. Ils sont tous à l’unisson, mais une mention spéciale revient à Olivier Broche qui campe, en costume cravate, un Harpagon des temps moderne, conjuguant énergie et rouerie, ainsi qu’à Gabriel Gilotte pour son Cléante totalement décomplexé.
  • L’avare est un spectacle généreux avec tous – beaucoup d’adolescents avaient pris place dans le public ce soir de “Première“ – avec une envie contagieuse de partager le quiproquo, l’ironie, le rire, la passion, la fureur …

Quelques réserves

Aucune réserve, revoir un classique tellement actuel est une très belle réussite.

Encore un mot...

  • Donnons un coup de projecteur sur la compagnie La Cité Théâtre. Créée par le metteur en scène – mais également acteur – Olivier Lopez, elle est le bras armé de son ambition d’un théâtre qui soit une agora, l’endroit où se rencontre la cité dans sa diversité. 
  • Pour monter L’Avare, Lopez s’appuie sur une troupe de neuf comédien-ne-s et deux techniciens. Plusieurs générations sont réunies, les plus jeunes auront l’âge de leur rôle, recherchant la sincérité et l’évidence de ce que disent les personnages, sans se soucier de la vraisemblance et de l’imitation du réel.

Une phrase

Cléante : « Ne rougissez-vous point de déshonorer votre condition par les commerces que vous faites ? De sacrifier gloire et réputation au désir insatiable d’entasser écu sur écu, et de renchérir, en fait d’intérêts, sur les plus infâmes subtilités qu’aient jamais inventées les plus célèbres usuriers ?
Harpagon : Ôte-toi de mes yeux, coquin ! Ôte-toi de mes yeux !
Cléante :  Qui est plus criminel, à votre avis, ou celui qui achète un argent dont il a besoin, ou bien celui qui vole un argent dont il n’a que faire ? »

L'auteur

  • On ne nous fera pas l’injure de vous redire qui était Molière, à la fois l’auteur de ses pièces et le comédien qui les interprétait. 
  • Revenons plutôt sur La Cité Théâtre et sur le travail d’Olivier Lopez autour du métier de comédien. Il a créé un dispositif de formation qui place acteurs et actrices au centre de ses préoccupations et de sa recherche. Le comédien est pour lui le centre de gravité de la scène. Il est par sa présence, sa magie, son habileté, celui qui donne à entendre “le Monde“ et à comprendre notre époque.
  • Inquiet du repli identitaire, du vieillissement des consciences, du retour d’une certaine tragédie de l’ordre moral, Olivier Lopez souhaite inscrire le travail de la compagnie sur les trois prochaines années autour des problématiques liées à la place réservée à la jeunesse.

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