Le dîner chez le Français de V. Giscard d’Estaing

Un dîner qui tourne à la confusion et se révèle plutôt indigeste
De
Julien Campani et Léo Cohen-Paperman, avec la complicité des actrices et des acteurs du spectacle
Compagnie des Animaux en Paradis
Durée : 1h40
Mise en scène
Léo Cohen-Paperman
Avec
Pauline Bolcatto en alternance avec Hélène Rencurel, Julien Campani en alternance avec Grégoire Le Stradic, Philippe Canales en alternance avec Robin Causse, Clovis Fouin en alternance avec Mathieu Metral Joseph Fourez en alternance avec Pierre Hancisse,
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

En tournée : 21 novembre à Troyes, 23 novembre à Auxerre, 29 novembre à Charleville-Mézières, 3 décembre à Châteauroux, du 10 au 13 janvier 2024 à Villejuif, le 16 janvier à Epernay, les 18 et 19 janvier à Rethel, le 27 janvier à Bar le Duc

Thème

  • En 1975,VGE, soucieux de dépoussiérer la communication présidentielle, dînait une fois par mois chez des Français soigneusement sélectionnés par l'Élysée. Il était accompagné par sa femme, Anne-Aymone. C’est l’un de ces épisodes, chez la famille Deschamps-Corrini, que raconte la pièce.
  • Le dîner se déroule dans la ferme d’agriculteurs normands lors du réveillon du 31 décembre. Le repas dure sept ans, pendant lesquels seront évoqués les principaux événements qui ont marqué le septennat : crises économiques consécutives aux deux chocs pétroliers, crise sociale (apparition du chômage de masse), bouleversements sociétaux (autorisation de l’IVG et du divorce par consentement mutuel) 

Points forts

  • La pièce se présente comme une judicieuse allégorie des sept années du mandat de VGE. Débutée comme une soirée qui s’annonce radieuse et enthousiaste avec ce convive qu’on respecte et dont on n’attend énormément, le repas va vite basculer dans la colère, le ressentiment et la rancœur réciproque. 
  • Le dîner devient la métaphore du lien qui se distend entre le peuple et son présidentiel souverain. Les difficultés inattendues qui voient le jour durant ce septennat redessinent les rapports entre le Chef de l’état et ses concitoyens. Elles auront chamboulées une société en profonde mutation, et la pièce arrive assez bien à saisir cette vertigineuse transformation, qui bouleverse le quotidien d’une famille de “ français moyens“.
  • La pièce met en scène trois générations, des grands-parents qui ont connu la guerre à l’enfant qui a grandi avec la télévision et devra se faire une place dans l’Histoire, en passant par les parents qui ont vécu le communisme et mai 68.
  • Et au milieu trônent Valéry et Anne-Aymone, issus de l’aristocratie française (madame est née Sauvage de Brantes) matinée, pour lui, de la technocratie. Evidemment, les tensions vont voir le jour, les incompréhensions s’accumulent et le fossé se creuse, alors que le but del’exercice était au contraire d’échanger sur la vie « concrète » des Français. Ce glissement, tout en symbolique, est finement observé et rendu dans une sorte de descente aux enfers qui n’en finit pas.

Quelques réserves

  • La déception est à la hauteur des louanges tressées aux volets consacrés respectivement à Jacques Chirac et à la Génération Mitterrand, qui reposaient sur un texte extrêmement bien documenté et qui avait réussi à faire la synthèse entre l’universel et le personnel.
  • Hélas, le texte de Le dîner chez les Français de V. Giscard d’Estaing ne réussit pas à s’extraire de l’anecdotique. Les petites contrariétés du quotidien des trois générations de cette famille occupent toute la place, au détriment de la personnalité complexe mais très riche du Président, et de la description de son époque, marquée par de grands bouleversements.
  • Ainsi l’autorisation de l’IVG, qui fut l’un des progrès majeurs du septennat, est-il expédié en quelques minutes de dispute entre les générations. Certes, le vote de cette loi au Parlement se fit dans un climat de violence, opposant deux visions opposées de la société, mais on aurait aimé retrouver dans la pièce les principaux arguments de ce profond débat et non son écume.
  • Les événements qui marquèrent le septennat sont juste esquissés et remplacés par des disputes et des insultes entre les membres de la famille : tout à tour les hommes contre les femmes, les vieux contre les jeunes… Les cris font office d’arguments et virent à la confusion, voire à la pagaille.

Encore un mot...

  • Le dîner chez les Français de V. Giscard d’Estaing est le troisième épisode de la série théâtrale Huit rois (nos présidents), dont l’objectif est de faire le portrait des présidents successifs de la Vème République, de Charles de Gaule à Emmanuel Macron. Si chaque épisode peut être vu indépendamment des autres, l’ensemble constitue une fresque qui raconte la société française de 1958 à 2027.

Une phrase

  • Léo Cohen-Paperman, né en 1988, est le directeur artistique de la compagnie des Animaux en Paradis et co-directeur du collectif du Nouveau Théâtre Populaire. Il défend un théâtre populaire, dont la préoccupation majeure est de renouveler, en le vivifiant, le lien entre les artistes et le public.
  • Julien Campani, né en 1987, est membre fondateur du Festival du Nouveau Théâtre Populaire. Acteur, chanteur, auteur et metteur en scène, il travaille également à Radio France.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche

Théâtre
La peur
De
D’après la nouvelle de Stefan Zweig (librement adaptée)