La Princesse au petit moi

Et toujours ce Vice-consul extravagant, enquêteur hors pair...
De
Jean-Christophe RUFIN
Lecteur : Vincent de Boüard -
Diffusion :
Ecoutez lire- Gallimard audio (Mai 2021) -
Durée : 7h30 (1CD MP3 ) -
21,90 Euros
(Version brochée : Flammarion, Avril 2021
(20 Euros broché, 13,99 Euros en ebook)
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Ce n’est pas un hasard si les derniers  romans  de Jean-Christophe Rufin  mettant en scène l’inénarrable  Aurel Timescu ont fait l’objet d’une chronique sur Culture-Tops et ont connu un sérieux  succès en librairie. Bien sûr, quelques puristes des Belles Lettres ont marqué leur  perplexité. Comment un écrivain talentueux, romancier reconnu et célébré, essayiste brillant, ayant, à l’instar des plus grandes figures de la littérature de notre pays, embrassé la carrière diplomatique et de surcroît membre de l’Académie française peut-il se perdre à nous narrer les aventures extravagantes de ce personnage, sorti tout droit de la Roumanie de Ceausescu, pianiste de  bastringue, devenu par la grâce d’un bref mariage calamiteux, vice-consul de France.

Eh bien ces puristes ont tort. On ne peut que se réjouir de  l’insolence  discrète de ce fonctionnaire du Quai d’Orsay dont le seul objectif est de se faire oublier, de ne rien faire, de boire  du vin  blanc, du Tokay de préférence et de jouer du piano. Mais  Aurel possède aussi un don  hors du commun. Au lieu de délivrer des visas, il mène  des enquêtes mettant en œuvre des méthodes  très personnelles, s’appuyant sur des réseaux improbables. On l’a vu de Bamako à Maputo ou à Bakou, confondre les criminels, démasquer les escrocs. Dans La Princesse au Petit Moi, l’action ne débute pas dans un pays exotique. Aurel a été rappelé à Paris en attente d’une nouvelle affectation. Un rêve pour lui, il  peut  passer le temps  aux terrasses de Montparnasse. Mais ce moment béni  prend rapidement fin. Une émissaire envoyée par le souverain d’une de ces principautés oubliées de l’histoire perdue au cœur des Alpes, souhaite lui confier une mission confidentielle de la plus haute importance. Voici Aurel accueilli par le Prince consort de la principauté de Starkenbach. S’il fait appel à Aurel, c’est que son épouse la princesse régnante a disparu. Il doit rapidement la retrouver, le sort de la monarchie est en jeu !

Dans un premier temps, dans l’immensité du palais, notre héros se sent perdu. Mais après avoir fait venir dans la vaste suite qu’il occupe, un magnifique piano et quelques caisses de Tokay, il va retrouver la piste  de la princesse Hilda, avec l’appui de Shayna sa secrétaire, une réfugiée syrienne au physique puissant, au parler « très infinitif » et qui saura  aider Aurel dans sa démarche. Le titre du roman par sa référence au moi, donne la clé de l’histoire qui ressort de la psychologie.

Mais pour notre vice-consul, la vie dans la principauté n’a qu’un temps  et sa mission à peine conclue, la DRH du Quai lui annonce sa nouvelle affectation dans l’endroit le plus éloigné du monde civilisé.

Le roman noir constitue désormais un champ de plus en plus étendu, Jean-Christophe Rufin donne ses lettres de noblesse « au polar joyeux ». Un genre si précieux en ces temps tristes et mornes.

Points forts

Un livre original qui confère au polar une nouvelle dimension, celle de l’insolence.

Dans La Princesse au Petit Moi, on retrouve la finesse du détail, des morceaux de bravoure hilarant  à l’exemple de la description  des tenues vestimentaires d’Aurel qui sidèrent les maîtres d’hôtel et autres  valets de pied du palais, ainsi que les méthodes assez surprenantes de cet enquêteur d’exception et, c’est une première, avec une  complice tout aussi  extravagante.

Quelques réserves

L’intrigue peut sembler moins haletante que dans nombre de romans noirs, mais qu’importe, on est porté par une si joyeuse mise en scène.

Encore un mot...

Remercions Jean-Christophe Rufin de nous offrir ce quatrième opus des aventures toujours aussi savoureuses de ce Vice-consul extravagant mais qui reste l’enquêteur hors pair aux méthodes désopilantes pour notre plus grand plaisir.

L'auteur

Médecin spécialisé en neurologie et psychiatrie, engagé dans l’humanitaire avec Médecins sans Frontière, conseiller de plusieurs ministres, ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie, Jean-Christophe Rufin s’est également  consacré à l’écriture dès les années 1980  et sera reçu à l’Académie française en 2008. Essayiste, romancier, son œuvre sera couronnée par le Prix Goncourt du Premier Roman avec lAbyssin en 1997(Gallimard), l’Interallié en 1999 avec Les Causes Perdues (Gallimard), et le Goncourt en 2001 avec Rouge Brésil (Gallimard). En 2018, il se lance dans le polar avec une série dont le personnage central est le fameux consul Aurel publiant chez Flammarion Le Suspendu de Conakry puis Les Trois femmes du Consul, Le Flambeur de la Caspienne et maintenant La Princesse au Petit Moi. D’autres aventures devraient suivre…

Le lecteur
Tout en ayant une activité théâtrale régulière avec des metteurs en scène aussi différents que Laurent Terzieff, Alfredo Arias, Yves Gasc, Bernard Murat,...Vincent de Boüard enregistre fréquemment pour Radio-France et prête sa voix pour des documentaires. Il enregistre aussi des livres audio. 

Et aussi

On peut également lire :
- la chronique de Rodolphe de Saint-Hilaire sur l’ouvrage Les trois femmes du Consul
- la chronique de Marie de Benoist sur Check-Point (paru en 2015)
- la chronique de Claudie Saliou sur Les 7 mariages d’Egar et Ludmilla (paru en 2019)
ainsi que plusieurs autres chroniques consacrées à divers ouvrages de l’académicien Jean-Christophe Rufin. 

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