Le Fou de Dieu au bout du monde

Et la religion, si c’était ceux qui n’y croient pas qui en parlaient le mieux ? Un livre magnifique
De
Javier Cercas
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

  • Javier Cercas, écrivain espagnol réputé, est contacté en  2023 par le Vatican pour venir, avec d’autres créateurs, rencontrer le pape François à la Chapelle Sixtine. Deux semaines plus tard, lors du salon du livre de Turin, Lorenzo Fazzini, le responsable de la Libreria Editrice Vaticana, lui propose d’accompagner le pape lors de son prochain voyage, en Mongolie, et d’écrire un livre racontant cette expérience.
  • Cercas, ouvertement athée et anticlérical, est surpris par cette proposition, mais il a l’assurance d’être totalement libre d’écrire ce qu’il veut. Il aura l’accès aux personnes  qu’il souhaite rencontrer à l’intérieur du Vatican et lors du voyage en Mongolie. Il accepte à une condition : parler cinq minutes avec le pape de la résurrection et de la vie éternelle, pour lui demander si sa mère, veuve et extrêmement croyante, verra son mari après la mort.
  • Même si cet accord ne lui est pas garanti, l’écrivain décide d’accepter le proposition, dans l’espoir de pouvoir poser sa question au pape. Et le voilà parti, à la rencontre de personnalités, laïques ou ecclésiastiques, avec lesquelles il aura des échanges foisonnants et passionnants.
  • Le point d’orgue de son immersion sera le voyage du pape en Mongolie. Dans ce pays du bout du monde où la communauté des croyants est très réduite (environ 1 500), il va rencontrer des missionnaires et des fidèles et aura finalement son entretien avec le pape François.

Points forts

  • Il y aurait tant à dire sur ce livre magnifique.
  • Le Fou de Dieu au bout du monde est un livre différent. Différent de ceux que l’auteur a pu écrire jusqu’ici, différent du projet qu’il avait formulé, différent de ceux que le Vatican avait encouragés. Différent dans sa façon d’aborder la religion.
  • Il suit l’évolution du cheminement intellectuel et psychologique de l’auteur, parti avec ses idées et profondément interpellé par les rencontres qui vont émailler son voyage. Le livre est à la fois une chronique, un essai sur l’état de l'Église, un essai biographique sur le pape François, un roman policier avec sa quête et les questions pour lesquelles il cherche des réponses.
  • Le récit, déroulé sur près de 500 pages, aborde les questions qui traversent l'Église aujourd’hui. Roman sans fiction, il est nourri par les nombreuses lectures préparatoires de Javier Cercas qui lui ont permis de bien connaître son sujet et de pouvoir discuter « d’égal à égal » avec ses interlocuteurs au Vatican. Il partage avec ses différents interlocuteurs des discussions sans concession mais sans jamais se départir de son esprit curieux et de sa capacité à se remettre en question.
  • Si on tente de résumer le livre, on peut dire qu’il questionne l’institution sur son rapport aux fidèles. C’est l’essentiel de la démarche du pape François que d’avoir voulu rendre à l’Église son esprit missionnaire, au détriment d’un cléricalisme qui place le clergé au-dessus des fidèles. L’exemple de son voyage en Mongolie et la façon dont l'Église conçoit son rôle sur place – servir les pauvres sans essayer de les convertir – est particulièrement éclairant.

Quelques réserves

Difficile d’en trouver, tant les échanges avec ses différents interlocuteurs, de cardinaux à de simples fidèles, sont profonds et témoignent d’une réelle capacité d’empathie – sans angélisme – avec ses interlocuteurs. La fascination qu’il exprime n’exclut pas les désaccords, critiques ou incompréhensions vis-à-vis de la religion. 

Encore un mot...

  • Le hasard a fait que je lise ce livre juste après celui d'Erri de Luca, Une tête de nuage, paru en 2018, dans lequel l’auteur, profondément athée comme Cercas, écrit l’histoire de Jésus, à travers la vision de ses parents Joseph et Marie.
  • Tout comme son confrère italien, Cercas parle de la religion, de Dieu, comme un romancier, traversé par le questionnement profond et permanent d’un chercheur qui n’est pas inhibé par le poids de ses croyances.

Une phrase

  • « Au Vatican les plus hauts responsables m'ont demandé de quoi je voulais parler avec le pape. Je leur ai répondu : de la résurrection de la chair et de la vie éternelle. Je veux lui demander si ma mère verra mon père après la mort ».
  • "De sorte que, pour le pape François, le voyage en Mongolie n'est pas une exception, il est la norme François se rend en Mongolie pour trouver un nouvel avenir et pour voir le monde tel qu'il est depuis le seul endroit d'où, selon lui, il peut être vu : la périphérie, le bout du monde, François se rend en Mongolie pour continuer d'être François"

L'auteur

  • Javier Cercas est un écrivain espagnol né en 1962. Sa bibliographie, riche d’une quinzaine de titres, est traduite dans le monde entier et lui a valu de nombreux prix, parmi lesquels Les Lois de la frontière qui reçoit en 2014 le Prix Méditerranée étranger.
  • Son œuvre est traversée par des thèmes récurrents : la guerre civile espagnole, l’imposture, la rédemption, l’identité de son pays, avec le souci constant de se réinventer.

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