
Les derniers jours de l’apesanteur
Publication le 14 Août 2025
224 pages
20 euros
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Thème
Au moment de passer leur bac, les lycéens vivent leurs “derniers jours de l’apesanteur”. Daniel est l’un d’entre eux. Issu de la petite bourgeoisie, versatile, pas ambitieux ni courageux pour un sou, Daniel est un élève moyen. Son univers quotidien est le lycée et accessoirement sa famille et son hard-rockeur de frère. La chute du Mur (on est à la fin de 1989) le laisse plutôt indifférent. Non, ce qui l’anime c’est comment reconquérir le cœur de Cathy Mourier. Et pourquoi donc Thomas Mathieu a-t-il acquis un tel prestige en se déplaçant avec des béquilles dans la cour du bahut ?
Points forts
Daniel et Caro, l’auteur, ont des points communs : bacheliers vers 1990, des parents modestes, un goût pour la musique et les sciences. Les personnages sont croqués sur le vif, avec humour et bienveillance : bien sûr Marc et Justin, les amis inséparables, les filles convoitées mais aussi Béatrice, à laquelle Daniel s’escrime, sans succès, à donner des cours particuliers; et les adultes, comme le père de Béatrice aux prophéties tonitruantes ou sa mère, parfaitement dysfonctionnelle.
Caro est un chroniqueur attentif, un as de la satire sociale et de l’humour absurde. Il truffe son récit drôle et mélancolique de références du moment qui résonnent fort auprès des boomers. Au choix, la mythique mobylette Peugeot 103, des chanteurs – Simon & Garfunkel, Mike Oldfield - les parties de baby-foot ou des marqueurs sociaux d’alors comme les sports d’hiver. Mais l’auteur traite aussi par l’anecdote des thèmes plus intemporels, comme l’obsession de séduire et éventuellement de coucher, le poids de la norme, la conscience de classe (« les riches font toujours plus jeunes »), l’argent, la famille à laquelle il rend hommage. Enfin Caro n’hésite pas à affirmer la franche séparation de genres quand il affirme que « les garçons n’ont que le gène de l’apparence de l’assurance, pas celui de l’assurance elle-même, c’est génétique ».
Quelques réserves
La chronique des années lycéennes est une musique dont on ne se lasse pas surtout quand elle renvoie des notes familières. Les deux histoires parallèles (la disparition mystérieuse d’un camarade de classe et le comportement absurde et sans issue de la mère de Béatrice, sa jeune élève), sont assez inutiles pour tenir le lecteur heureux. Et, comme dans son livre précédent Journal d’un scénario, Caro abuse de l’emploi du verbe “oraliser" qui nous semble de plus anachronique.
Encore un mot...
Avec ce livre qui doit beaucoup puiser dans son histoire personnelle, Caro démontre qu’il est un historien des mœurs sociales. Dans un registre proche, on reverra avec amusement les beaux gosses, le film de Riad Sattouf tourné en 2009.
Une phrase
« Pour attirer son attention, j’avais écrit Free Mandela sur la première page de mon cahier de texte… Je n’en étais pas à mon coup d’essai : deux ans auparavant, en seconde, j’avais déjà lutté contre l’apartheid en écoutant Johny Clegg et Graceland de Paul Simon vêtu de shorts à carreaux fluorescents jaunes et roses » (p.16)
« Nous prônions la liberté à tout-va mais nous nous empressions à la moindre occasion de tout codifier à l’extrême : nos groupes, nos habitudes, notre façon de nous habiller, nos places dans chaque cours, alors que nous avions le loisir de nous asseoir où nous voulions.» (p.128)
L'auteur
Fabrice Caro est un auteur prolifique de bandes dessinées. Il est également romancier et musicien.
Il connaît un premier succès avec la BD Zaï zaï zaï zaï, en 2005 et dont Culture Tops a rendu compte de l’adaptation au théâtre en 2022. Il est le scénariste du dernier Astérix, L’iris blanc.
Son roman Le Discours (Gallimard, 2018) a été adapté au cinéma par Laurent Tirard en 2020. Culture Tops a aimé son dernier livre journal d’un scénario (Gallimard, 2023).
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